Brice Hortefeux a été entendu vendredi matin par les policiers de la PJ de Nanterre. Une audition comme témoin, à sa demande, dans l'affaire de Karachi. L'ancien ministre de l'Intérieur "a ainsi pu préciser et démontrer, en toute transparence, qu'il ne disposait d'aucun élément provenant du dossier de la procédure judiciaire", indique un communiqué de l'ancien ministre, qui s'est dit "soulagé". Son audition s'est achevée peu avant 11 heures et a duré plus de deux heures.
Brice Hortefeux s'est expliqué sur les coups de fil passés à Thierry Gaubert, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, mis en examen il y a deux semaines. Le Parquet de Paris a ouvert le 23 septembre une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel et recel.
Trois voies possibles pour Hortefeux
L'ex-locataire de la place Beauvau est mis en cause après avoir appelé, le 14 septembre dernier, Thierry Gaubert pour le prévenir que son épouse, la princesse Hélène de Yougoslavie - entendue le 8 septembre à la demande du juge Renaud Van Ruymbeke - "balançait" trop, selon des interceptions téléphoniques révélées vendredi 23 septembre par le journal Le Monde et confirmées par Brice Hortefeux lui-même à Europe 1.
Il n'était pas susceptible d'être inquiété dans l'immédiat puisque le Parquet de Paris a choisi la voie d'une enquête préliminaire. Le sort de l'ancien ministre sera statué en fin d'enquête. Le Parquet pourra soit ouvrir une information judiciaire, soit classer l'affaire sans suite, soit citer directement Brice Hortefeux devant le tribunal s'il estime les faits caractérisés.
"Je n'ai rapporté que des rumeurs"
"Ce que j'ai dit à Thierry Gaubert circulait déjà dans la presse. Je n'ai fait que lui rapporter des rumeurs de presse", a insisté Brice Hortefeux sur Europe 1. "J'avais la tonalité mais pas le détail", a précisé l'ancien ministre en soulignant que sa source n'était aucunement policière et qu'il n'avait pas eu accès au PV d'audition.
L'ancien ministre de l'Intérieur a passé un second coup de fil à Thierry Gaubert quand celui-ci était en garde-à-vue. Un appel qui avait fait grand bruit mais au sujet duquel Brice Hortefeux s'est défendu. "Comme vous le savez, c'est un ami. Je l'ai donc appelé le lendemain pour avoir de ses nouvelles. Je ne savais pas qu'il était en garde à vue. Quand il a décroché, c'est lui qui me l'a dit", a-t-il justifié.
Hortefeux "dément" et menace
Mercredi, la fille d'une des onze victimes de l'attentat de Karachi, Magalie Drouet, avait annoncé sur Europe 1 qu'elle portait plainte contre Brice Hortefeux. "Je porte plainte pour délit d'entrave à la justice et subornation de témoin", avait-elle expliqué à Bruce Toussaint.
Magalie Drouet a indiqué que sa plainte "vise également les conseillers de Nicolas Sarkozy ". "Je connais le dossier, je ne savais pas que c'était Hélène Gaubert qui avait témoigné. C'était un témoignage sous X, son nom n'était cité nulle part".
L'ancien ministre de l'Intérieur "dément catégoriquement" avoir eu des informations sur la procédure judiciaire et avait menacé de porter plainte "contre toute allégation mensongère et diffamatoire" à son encontre.