L’affaire Karachi vient troubler la retraite politique de Nicolas Sarkozy. Deux familles de victimes de l'attentat de Karachi ont en effet déposé plainte lundi pour "violation du secret de l'instruction et de l'enquête" contre Nicolas Sarkozy après un communiqué de l'Elysée diffusé le 22 septembre 2011.
Dans ce communiqué, publié alors que se multipliaient les interrogations sur le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole, la présidence de la République assurait notamment que "s'agissant de l'affaire dite de Karachi, le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier". "Il n'a jamais été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier", poursuivait le communiqué de l'Elysée, sous-entendant une bonne connaissance dudit dossier.
"Des faits extrêmement graves", pour les familles
Dans leur plainte avec constitution de partie civile, les deux familles estiment qu'en diffusant ce communiqué, "les faits sont extrêmement graves sur le plan des principes". Et les familles de rappeler avec force qu'en application de l'article 64 de la Constitution : "le Président de la République est garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire’".
"Un tel comportement est au surplus indiscutablement de nature à caractériser un manquement à ses devoirs de Président, bien loin de la République irréprochable qu'il n'a cessé de revendiquer depuis 2007", estime l'avocat des deux familles, Me Olivier Morice, dans la plainte. Ce dernier a prévu de s’exprimer en fin de matinée devant la presse.
L’ancien conseille presse de Sarkozy également visé
La plainte, qui intègre également les chefs de "violation du secret professionnel, recel et complicité" ainsi qu'"entrave au déroulement des investigations", vise aussi l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux et le conseiller presse de l'ex-chef de l'Etat, Franck Louvrier.
Une première plainte, visant les conseillers de la présidence de la République, avait été déposée par les familles le 26 septembre 2011 et classée sans suite par le parquet le 21 décembre. Depuis vendredi minuit, Nicolas Sarkozy, ayant cessé ses fonctions présidentielles depuis un mois, peut être entendu ou poursuivi par la justice.