L'avocat de familles de victimes de l'attentat de Karachi en 2002, Me Olivier Morice, a demandé aux juges enquêtant sur le volet financier de l'affaire de saisir la CJR pour les cas d'Edouard Balladur, François Léotard et Nicolas Sarkozy, a-t-il indiqué jeudi. Comme l'a révélé Mediapart, cette demande a été adressée mercredi aux juges financiers Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire, qui ont mis en examen des proches des trois anciens membres du gouvernement.
Il existe "à notre sens, des indices graves et concordants ou des indices rendant vraisemblables (la) participation" des trois ex-ministres "comme auteurs ou complices des infractions", écrit l'avocat dans sa demande. D'anciens ministres poursuivis pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions ne peuvent comparaître que devant la Cour de justice de la République (CJR) et non devant un tribunal classique. Dans sa demande, Me Olivier Morice indique aux juges que s'ils ne saisissent pas la CJR, il fera entendre les anciens ministres comme témoins. Il déplore aussi que la CJR n'ait pas été supprimée, contrairement à une promesse de François Hollande durant la campagne présidentielle. Selon Me Morice, le président a fait savoir aux familles que la suppression de la CJR "n'était plus envisageable à défaut d'un consensus politique à cet égard".
Les juges suivent deux pistes: d'un côté, celle du détournement de commissions sur ces contrats pour financer la campagne présidentielle malheureuse de M. Balladur en 1995, de l'autre, celle d'un financement occulte de cette même campagne via les fonds secrets de Matignon.