Le parquet de Paris a refusé de transmettre aux juges instruisant le volet financier de l'affaire Karachi le procès-verbal de l'audition par la police de l'ex-ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, ont déploré mercredi des avocats de parties civiles. Le parquet a expliqué ce refus par le fait que l'enquête préliminaire pour violation du secret professionnel qu'il avait ouverte, et dans le cadre de laquelle Brice Hortefeux a été entendu le 30 septembre, n'est pas encore terminée.
Dans une conversation téléphonique du 14 septembre, qui faisait l'objet d'une écoute judiciaire, Brice Hortefeux avait déclaré à Thierry Gaubert -ex-conseiller de Nicolas Sarkozy- que son épouse, Hélène de Yougoslavie, "balan(çait) beaucoup". Elle avait été interrogée quelques jours plus tôt par l'un des deux juges instruisant le volet financier du tentaculaire dossier Karachi.
Dans une lettre au procureur de la République de Paris, François Molins, les avocats d'Hélène de Yougoslavie s'élèvent contre le fait que les magistrats n'aient pu consulter le PV de l'audition de Brice Hortefeux, comme ils le demandaient. "Nous voulions par la présente protester devant ce que nous considérons être une initiative de nature à entraver la manifestation de la vérité s'agissant des faits qui ont conduit Monsieur Thierry Gaubert à tenter de suborner notre cliente", écrivent les avocats, qui estiment que Brice Hortefeux est "à l'origine des faits de subornation de témoin".
"Il faut appeler un chat un chat: cela s'appelle de l'obstruction de la part du procureur de la République de Paris", ont-ils déclaré. "C'est proprement ahurissant. On peut être très inquiet si cette initiative donne le 'la' de la suite."