L'AFFAIRE. Six personnes, dont l'ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres et l'homme d'affaires Ziad Takieddine, ont été renvoyés en correctionnelle dans le volet financier de l'affaire Karachi, conformément aux réquisitions du parquet. Les juges enquêtaient sur une présumée corruption en marge de contrats d'armement et de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Un autre volet de leur enquête, relatif à une éventuelle utilisation des fonds secrets de Matignon, a été annulé par un arrêt de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.
Renvoyés en correctionnelle. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre UMP de la Culture de 2004 à 2007, était, entre 1993 et 1995, conseiller spécial au cabinet du ministre de la Défense d'Edouard Balladur, François Léotard. Il est renvoyé en correctionnelle pour complicités d'abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux. L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, renvoyé pour complicités et recels d'abus de biens sociaux, organisation frauduleuse d'insolvabilité, fraude fiscale et blanchiment de ce délit, a déclaré l'été dernier avoir financé la campagne de l'ex-Premier ministre via des sommes issues de ces commissions. Deux proches d'Edouard Balladur, Nicolas Bazire - pour complicités d'abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux - et Thierry Gaubert - pour recels d'abus de biens sociaux - seront également jugés.
Balladur et Léotard devant la CJR ? Les cas de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur et de l'ex-ministre de la Défense François Léotard pourraient quant à eux être étudiés par la Cour de justice de la République (CJR), seule compétente pour juger les délits commis par des membres de gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions. La Commission des requêtes de la CJR, seule habilitée à se prononcer sur l'opportunité de poursuites, devrait rendre son avis, début juillet.
Une future audition de Sarkozy ? Les juges parisiens estiment que les éléments de l'enquête rendent par ailleurs nécessaire l'audition par cette Cour de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, comme témoin assisté. Ils semblent convaincus qu'une partie des commissions perçues par l'intermédiaire en armement Ziad Takieddine à la faveur de contrats signés avec l'Arabie saoudite et le Pakistan ont servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 via un système de rétrocommissions.
"Une grande satisfaction" pour Olivier Morice. L'avocat de la famille des victimes Olivier Morice s'est félicité que l’affaire soit renvoyée devant le tribunal correctionel. "C'est une grande satisfaction parce que lorsque nous avons déposé cette plainte en 2009, personne ne nous croyait vraiment, l'ancien président Nicolas Sarkozy était en poste et le parquet faisait tout pour qu'aucun volet financier ne soit ouvert dans le cadre de l'attentat de Karachi". "Nous attendons maintenant que ceux qui sont les architectes de ce scandale d'Etat, à savoir Edouard Balladur, François Léotard et aussi Nicolas Sarkozy puissent répondre à la justice pour que toute la v érité soit faite dans ce dossier".
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