Jérôme Kerviel a-t-il servi de fusible à la Société générale ? C'est ce que l'ex-trader a laissé entendre mercredi lors de son procès en appel, assurant que ses supérieurs étaient au courant de ses agissements au sein de la banque. Une théorie qui ne semble pas avoir convaincu la présidente de la cour, Mireille Filippini, qui a bombardé Jérôme Kerviel de questions.
Celui qui a fait perdre 4,9 milliards d'euros à la Société générale a eu du mal à expliquer les contradictions dans sa version des faits. Pourquoi a-t-il pris des positions spéculatives massives, et pourquoi a-t-il pris soin de les dissimuler avec des opérations fictives et des fausses déclarations, alors qu'il affirme que tout le monde était au courant ?
"Un hamster dans une roue"
Et si la banque était au courant qu'il prenait des positions aussi énormes que 5 milliards d'euros en 2007, pourquoi n'a-t-elle rien dit ? "J'aurais aimé qu'on m'arrête", lâche Jérôme Kerviel, qui se compare à un "hamster dans une roue", contraint de "pédaler de plus en plus vite". En clair : il prenait des positions de plus en plus risquées pour masquer ses propres pertes.
L'ancien trader assure n'avoir compris que récemment pourquoi la banque ne l'avait pas stoppé, grâce à des témoins anonymes, anciens salariés de la Société Générale. Ceux-ci lui auraient expliqué que la banque s'était servi de lui pour masquer des pertes dues à la crise des subprimes.
La présidente sceptique
La Société Générale aurait utilisé un autre de ses "desks", sorte de cabinet fantôme, pour prendre des positions inverses à celles de Jérôme Kerviel, afin de sécuriser ses positions à risque. Ce "complot" très organisé laisse toutefois sceptique la présidente, qui attend de voir si ces témoins anonymes viendront à la barre.
Dans sa ligne de mire, Jérôme Kerviel. Mais la magistrate a aussi pointé du doigt l'incapacité de la banque à repérer les positions extravagantes et anormales de l'ancien trader, et la faillite des systèmes de contrôle.