L’erreur stratégique de Jérôme Kerviel pourrait être d’avoir été trop présent médiatiquement.
Jérôme Kerviel aurait-il dû se faire plus discret dans les médias ? C’est en tout cas ce que pensent les juges, qui reprochent à l’ancien trader, condamné mardi à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêt, sa surmédiatisation avant le procès.
Un mois avant l’ouverture de son procès, Jérôme Kerviel a sorti le livre L'Engrenage, avant d’apparaître dans de très nombreux médias. Un changement d’attitude soudain, alors qu’il avait choisi le silence médiatique depuis janvier 2008, lorsque la fraude dont il a été reconnu coupable a été rendue publique.
"Moi j’ai dit à Jérôme Kerviel qu’il prenait un risque en sortant son livre. Le choix a été fait, dont acte, je l'ai accepté. Je lui ai ensuite dit que je voulais une stratégie de communication très light, Ouest France, parce que c’est sa région, une radio et un 20 Heures. Or il y a eu le boomerang médiatique… et tout ça est parti dans tous les sens", a déclaré Patricia Chapelotte, sa conseillère en communication, interrogée par Europe 1.
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Une erreur de son avocat ?
D’après la conseillère en communication, cette omniprésence médiatique s’est faite en accord avec l’avocat de Jérôme Kerviel, Me Metzner. Selon elle, il s’agit d’une erreur de stratégie : "Me Metzner a pensé que c’était une bonne stratégie, moi j’ai émis un doute, je pense que Jérôme n’aurait jamais dû parler à autant de médias".
Dans le délibéré du jugement de Jérôme Kerviel, qui fait environ 70 pages, le fait qu’il ait été aussi présent médiatiquement est évoqué. "Les magistrats ont certainement eu le sentiment d'avoir déjà tout entendu sur cette affaire. La priorité de parole de Jérôme et de son avocat devait être de parler au tribunal, il ne faut pas confondre un plateau de télévision et une salle d’audience", estime Patricia Chapelotte.
"Il a brisé l'omerta du monde financier"
L'avocat de Jérôme Kerviel a répliqué en rappelant que son client "a été accusé publiquement d'être un escroc. Répondre aux accusations dans tous les médias était donc la seule solution valable aux yeux de l'avocat.
"On a le sentiment que le principal reproche, c'est d'avoir brisé l'omerta du monde financier", justifie Olivier Metzner :