Le 24 janvier 2008, le jour où la Société générale avait convoqué la presse pour annoncer une perte record de 4,9 milliards d'euros, Jérôme Kerviel était devenu une star sur le web en l’espace de quelques heures. Mardi, à l’annonce de sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris, la toile, toujours caustique, s’est remise à l’heure "Kerviel".
"Une opération Pièces jaunes"
5 ans de prison et surtout 4,9 milliards d'euros à rembourser : internet préfère en rire et chercher des solutions "caritatives" pour aider l’ancien trader. "6 milliards d'humains si on donne tous 1euros à Kerviel , il paye sa dette", "Donnons tous 1€ à la SoGé pour sauver Jérôme Kerviel", ou encore "Pour une opération pièces Jaunes pour Jérôme Kerviel", proposent déjà plusieurs pages Facebook dont le nombre de fans grossit au fil des heures.
"Comment rembourser 5 milliards d’euros ?", le blog The Yellow Kid y répond avec des parodies d’affiches publicitaires : la photo de Jérôme Kerviel à la place de Coluche pour les Restos du Cœur ou Jérôme Kerviel sur la pochette du CD "We are the world" de Mickael Jackson.
Un buzz et après ?
La course au bon mot a aussi été lancée sur Twitter : "Mme Kerviel ? RT @ozap: "Qui veut épouser mon fils ?" débarque le 29 octobre sur TF1" ou "Je ne vois qu'une seule solution pour #Kerviel; devenir le "photographe" de Liliane #Bettencourt. Ou son homme de ménage".
Et au-delà de la blague ? En 2008, le buzz "Kerviel" était retombé comme un "soufflé" se souvient Etienne Paillard, créateur à l’époque du groupe "Ceux qui recherchent Jérôme Kerviel, l'homme qui vaut 4.9 milliards!!!". Cette fois, au fil des heures, la colère semble avoir pris le dessus sur la recherche du bon mot.
La colère monte, monte
Sur Facebook par exemple, les groupes "Soutenez Jérôme Kerviel, bouc émissaire d'un système pourri" ou "Ceux qui sont contre la sentence de Jérôme Kerviel" ont fait leur apparition en fin de journée. "Ridicule", "absurde", "honteux", "obscène" : ces mots durs reviennent aussi de plus en plus mardi soir sur Twitter.
Le pot de terre contre le pot de fer, le système bancaire contre un seul trader : l'image est souvent reprise. "Et Daniel Bouton [l'ancien PDG de la Société générale] il rembourse les pertes liées aux subprimes, c'est ça ? Non ? Ha bon...", s'interroge par exemple Fabrice Pelosi, un blogueur spécialisé, sur le site de micro-blogging.
Un internaute d'Europe1.fr a, lui, choisi de passer de la critique à l'action : "Je viens d'envoyer une lettre recommandée à mon agence Société Générale pour leur signifier que je clôture mon compte", annonce mzrg54. Le début d'un mouvement ?