En 2010, Jérôme Kerviel était condamné à 5 ans de prison, dont 3 ferme, et à verser 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à la Société Générale, son ancien employeur. L'ancien trader, qui sera jugé en appel à partir du 4 juin, a décidé de se battre contre la banque. Selon les informations recueillies pas Europe 1, il a porté plainte vendredi contre la banque pour "escroquerie au jugement". "Ce qui nous intéresse c'est que notre plainte soit favorablement accueillie", a dit David Koubbi, le nouvel avocat de Jérôme Kerviel, sur Europe1.
La Société Générale a-t-elle menti ?
Selon Jérome Kerviel, la banque a caché à la justice qu'elle avait déjà obtenu - avant le procès - le remboursement d'une partie des pertes, causées par ses placements, grâce au Fisc. L'ancien trader assure que la Société Générale avait déjà récupéré 1,7 milliard sur les 5 milliards de pertes annoncées. Par ailleurs, Me Koubbi "conteste que [la perte de 5 milliards] soit imputable à Jérôme Kerviel". "Quand on veut se faire rembourser, il faut prouver que le préjudice existe. Là, ça n'a pas été prouvé", estime l'avocat.
David Koubbi a récemment écrit aux présidents des commissions des Finances de l'Assemblée et du Sénat pour s'étonner que la Société générale ait pu bénéficier d'une déduction fiscale de près de 1,7 milliard d'euros en dédommagement de l'épisode de fraude de près de 5 milliards dont elle a été victime en 2008. Il relève dans son courrier qu'une déduction fiscale pour perte exceptionnelle n'est juridiquement possible que s'il n'y a pas eu carence manifeste dans les contrôles. Or, c'est le cas, puisque la Commission bancaire a infligé une amende de 4 millions d'euros à la SocGen en 2008 pour cette défaillance.
La banque aurait passé des "deals fictifs"
Le conseil de Jérôme Kerviel assure par ailleurs que la Société Générale a commis des opérations fictives semblables à celle de l'ancien trader, à la même époque. "Nous découvrons dans le dossier, qu'il existe un document où il est écrit que la Société Générale a fait elle-même des 'deals fictifs', donc des opérations fictives, et c'est, ni plus ni moins, ce qui est reproché à Jérôme Kerviel. On voit des traces de ces opérations fictives avant le 18 janvier 2008, le dernier jour ou Jérôme Kerviel était dans les locaux de la Société Générale, et postérieurement le 21 janvier 2008, lorsqu'il n'était plus dans les locaux de la Société Générale", a dit vendredi sur Europe 1 Me Koubbi. Cette thèse reste à démontrer et la justice s'est saisie du dossier.
Dans un communiqué transmis à Europe 1, la Société Générale dit "prendre acte du dépôt de plainte par Jérôme Kerviel". La banque indique par ailleurs avoir "demandé à ses avocats de porter plainte pour dénonciation calomnieuse dans les plus brefs délais". Elle "fera valoir ses arguments lors du procès en appel de Jérôme Kerviel qui s'ouvrira devant la cour d'appel de Paris le 4 juin prochain", précise la SocGén.
Kerviel est "combattif"
Jérôme Kerviel a quitté son emploi pour se consacrer entièrement à la préparation de sa défense. L'ancien trader "est combattif", a assuré son avocat sur Europe 1. "On perdra peut-être à la fin mais il faut que nos adversaires s'attendent à ce que nous ayons largement combattu", a encore prévenu David Koubbi.