L'INFO. "Très vite, Gérald s'effondre, la tête dans le sable. Il ne bouge plus". Gérald, c'est Gérald Babin, le candidat de 25 ans mort le 21 mars dernier au premier jour de tournage de la 16e édition de Koh Lanta, au Cambodge. Cette phrase entre guillemets est extraite d'une lettre anonyme envoyée à plusieurs médias et publiée par le site d'Arrêt sur images, six jours après le drame. A l'époque, l'auteur est présenté comme un membre d'Adventure Line Productions, la société productrice de l'émission, présent sur les lieux du drame. Dans son courrier, il dénonce le comportement de son entreprise ainsi que celui du médecin urgentiste de Koh Lanta. Ce dernier, Thierry Costa, 38 ans, se suicide quelques jours plus tard. Une enquête préliminaire est alors ouverte et la famille de Gérald Babin porte plainte contre X pour "homicide involontaire aggravé". Mais cette semaine, le "corbeau" est sorti de son silence, d'abord dans un article de Télérama, puis dans une interview donnée à TéléObs. Et surprise : l'homme révèle qu'il n'a jamais travaillé pour ALP et qu'il n'était pas non plus présent au Cambodge. Explications.
La lettre qui accuse. Dans son mail inquisiteur envoyé le 27 mars dernier et intitulé : "Objet : Koh Lanta : La vérité sur la mort de Gérald BABIN", le corbeau décrit avec force détails le comportement d'ALP et de son médecin, qui auraient tardé à exfiltrer le candidat. "Il a d’abord été décidé d'évacuer Gérald à l'hôpital par bateau, alors qu'un hélicoptère est théoriquement disponible, mais cela est jugé inutile et trop coûteux par la production", assure alors la source citée par Arrêt sur images. "Il reperd connaissance à bord du bateau. Le médecin s'inquiète sérieusement et demande une évacuation en hélicoptère". Mais le numéro du pilote de l'engin est introuvable, explique encore ce prétendu témoin : "on perd encore beaucoup de temps pour finalement être capable de le joindre. On parvient une nouvelle fois à ranimer Gérald à bord du bateau. Il embarque finalement dans l'hélicoptère, des heures (au moins deux heures) après son malaise initial. On ne le reverra jamais vivant", conclut-il.
"Je n’ai rien vécu de ce tournage au Cambodge". Contactés par Europe 1 à l'époque, les journalistes d'Arrêt sur images assuraient, être surs "à 100%" de leur source, après de multiples vérifications. Cette source en question se présente aujourd'hui pourtant tout autrement. L'homme se fait appeler "Nydo". Télérama le présente comme un "citoyen français tranquille" : "vie aisée, bon boulot, famille sans histoires". Plus étonnant, l'homme qui ne travaille absolument pas pour la production, n'était même pas présent lors du drame : "je n’ai rien vécu de ce tournage au Cambodge, je ne travaille pas dans l’univers des médias et j’exerce une profession généraliste qui me permet de toucher à beaucoup de domaines", explique-t-il à TéléObs. D'où sort-il sa version ? D'une connaissance de longue date, un certain Patrick (*), qui lui, travaillait sur place pour place pour la "prod". L'homme est bouleversé par la mort de Gérald mais "tient à son travail" et ne veut pas se "griller" dans le milieu. Il confie ses doutes au fameux Nydo. Ce dernier assure en avoir informé les journalistes : "dès que je suis entré en contact avec "Arrêt sur Images", avant la publication de leur premier article, je leur ai communiqué nos deux identités afin qu'ils puissent faire toutes les vérifications".
Pourquoi a-t-il envoyé ce mail ? Parce que Nydo veut rétablir la vérité mais aussi "pour être utile". "Oui, c’est peut-être un geste citoyen. Ce qui m’a d’abord choqué, c’est l’hypocrisie : le décalage entre ce que m’a rapporté Patrick sur la mort de Gérald Babin et le discours officiel d’ALP et de TF1", confie-t-il à TéléObs. Nydo parle sans pour autant prévenir le fameux Patrick. "J’avais acquis la certitude que Patrick ne parlerait pas dans les médias à cause des risques de représailles. Pourquoi ne pas lui avoir dit que je parlais à sa place ? Pour l’unique raison que j’ai pensé que c’était la meilleure façon de le protéger", précise-t-il. "Je n’imaginais pas un tel impact. Qui pouvait penser que les choses allaient prendre une tournure judiciaire ? Mon but était qu’au moins un journal enquête et recoupe les informations que m’avait données Patrick. Je pensais être un déclencheur, j’ai été étonné d’être le seul à parler", ajoute encore Nydo. L'homme affirme également s'être "retrouvé à faire le boulot d’un journaliste" en multipliant les sources. Impossible à vérifier.
Le témoignage reste-t-il crédible ? Oui… selon Nydo qui confie, toujours dans TéléObs, s'étonner de cette remise en question. "Je n'ai jamais menti sur le fond des informations que je rapportais", assure-t-il. "Pour moi, le fait que ces personnes (les témoins qu'il aurait lui-même interrogé) se soient exprimées ainsi n’entache pas la crédibilité de leur propos, au contraire", élude-t-il avant d'ajouter : "si un jour le vrai nom de 'Patrick' sort, à ce moment-là, je n’aurai plus de raison de rester anonyme". Nydo, prochain candidat de Secret Story ?
(*) Le prénom a été modifié.