Sujet déjà sensible en temps normal, la flambée des prix de l’essence est devenue une priorité dans l’actuel contexte électoral. Le prix moyen du Sans plomb 95 frôle les 1,65 euro le litre et s’approche même dangereusement des deux euros le litre dans certaines stations parisiennes.
Le gouvernement a donc annoncé mercredi qu’il envisageait de puiser dans les réserves stratégiques du pays pour tenter de limiter l’inflation. Mais combien de temps cette solution peut-elle être viable ?
Puiser dans les réserves pour calmer les prix
Stimulé par une demande en hausse continue, notamment de la part de la Chine, les cours du pétrole ne cessent de grimper, une inflation aggravée par les tensions diplomatiques avec Iran, l’un des principaux pays producteur.
A la pompe, les prix affichés sont donc en nette hausse, ce qui alimente le mécontentement des consommateurs. Le sujet est d’autant plus sensible que la France, comme les États-Unis, sont en pleine période électorale. Les deux pays, avec la Grande-Bretagne, envisagent donc de puiser en même temps dans leurs réserves pour irriguer massivement le marché.
Le gouvernement veut "casser la spéculation"
"La France accompagne les États-Unis et la Grande-Bretagne dans les consultations de l'AIE (Agence internationale de l'énergie) qui pourraient permettre de puiser dans nos réserves énergétiques pour casser la spéculation", a confirmé Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement et ministre du Budget. "On peut dire que la France est sur tous les fronts s'agissant de cette question des prix du carburant, pour obtenir à très court terme une baisse des prix", a-t-elle insisté.
Le ministre de l’Énergie, Éric Besson, a confirmé le projet, précisant que "ce sont les États-Unis qui ont demandé et la France a accueilli favorablement cette hypothèse". En parallèle, le gouvernement travaille "aussi à convaincre les pays producteurs d'énergie à mettre davantage de ressources sur les marchés".
Une bulle d’air à très court terme
L’objectif est donc simple : augmenter massivement l’offre de carburants pour trouver un équilibre avec la demande et ainsi stabiliser les prix. Pour assouvir la soif d’essence, la France dispose d’environ 17 millions de tonnes de pétrole brut et de produits pétroliers dans ses stocks stratégiques.
Ces 17 millions représentent tout de même 98 jours de consommation, un volume suffisamment massif pour influencer l’évolution des prix. Mais le gouvernement ne peut vider entièrement ce stock, censé être toujours prêt en cas d’urgence, un conflit ou un embargo par exemple.
L’effet escompté est de toute façon très relatif : la dernière fois que la France a puisé dans ses réserves, c’était le 23 juin 2011, lors de la guerre en Libye. Conséquence : une baisse des prix pendant trois jours, avant une nouvelle flambée des prix.
Des solutions à effet plus ou moins immédiat
Puiser dans les réserves stratégiques est donc une réponse à court terme qui a ses limites puisqu’il faut ensuite racheter du pétrole pour reconstituer les stocks. Et, de toute façon, les prix de l’essence sont amenés à atteindre de nouveaux sommets, la demande mondiale ne cessant de grimper.
D’autres pistes existent également, avec des effets plus ou moins rapides. Abaisser le niveau de taxation des carburants aurait un effet immédiat mais priverait l’Etat de ressources plus qu’essentielles en période de déficits chroniques. L’autre piste est à plus long terme : favoriser les économies d’énergies, tant dans l’automobile que l’habitat, mais les effets se feront ressentir bien après l’élection présidentielle.