Une rue quasi-vide. D’un côté, les plus aisés voient dans l 'immobilier un marché sûr et intéressant, quitte à laisser 11 millions d'appartements vacants, comme le constate une étude commanditée par plusieurs associations de lutte contre le mal-logement. De l’autre, 4.1 millions de personnes sans-logis sur le Vieux Continent ne disposent pas des ressources et des garanties suffisantes pour trouver un chez-soi. Le mois dernier, le Guardian révélait qu’un tiers des bâtiments d’une des rues les plus huppées de Londres n’étaient jamais occupés. Depuis, "Billionaire Row" (c’est le nom de cette avenue cossue) est devenue le symbole d’un marché immobilier à deux vitesses, en Angleterre, mais aussi dans toute l’Europe.
Simple investissement pour les plus riches, nécessité pour les moins aisés. C’est donc ce décalage que pointe du doigt le Guardian, qui rapporte les conclusions troublantes de l’étude commanditée par plusieurs associations de lutte pour le droit au logement. 3.4 millions en Espagne, 2 millions en France et en Italie, 1.8 millions en Allemagne, au total, 11 millions de logements seraient inoccupés en Europe. Largement de quoi permettre aux plus de 4 millions de sans-abris européens de trouver un foyer. Interrogé par le quotidien britannique, Gavin Smart, directeur de l’Institut Britannique du Logement, pointe du doigt un problème qui va croissant dans la capitale britannique. Des riches investisseurs qui achètent des appartements londoniens, en spéculant sur la hausse des prix provoquée par la tension sur le marché.
En Espagne, des immeubles désertés. Si les prix continuent de grimper outre-Manche, en Espagne, l’explosion de la bulle immobilière a laissé un pays exsangue. Porté par le boom du bâtiment entre 2004 et 2008, l’Espagne a construit plus de 800.000 logements chaque année . Mais aujourd’hui, crise oblige, ces logements sont désertés, et ce malgré la baisse des prix. A tel point que 14% du parc immobilier serait aujourd’hui inoccupé. Ultime paradoxe, pour relancer leur économie certains gouvernements financent des programmes de destruction de ces logements vacants. En Irlande, les dirigeants du pays se sont lancés dans cette politique de démolition, légitimée par une étude de la Deutsche Bank estimant que ces logements vacants ne seront pas occupés avant 43 ans au vu des perspectives démographiques.
ETUDE - Le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre était déjà alarmant.
CONSÉQUENCES - Le mal-logement a des retombées économiques non-négligeables.