Faute d'avoir trouvé un accord avec Twitter, l'Union des étudiants juifs de France va se tourner vers la justice française. L'UEJF entendait en effet contraindre Twitter à faire disparaître une série de tweets antisémites liés au mot-clé #unbonjuif. Mais au terme d'un entretien entre les deux parties jugé "décevant" jeudi, Twitter a finalement refusé la requête de l’association. Ce qui pousse l'UEJF, qui semble déterminée à aller au bout de ce bras-de-fer, à poursuivre le réseau social en justice.
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Le PDG bientôt poursuivi en justice ?
L'UEJF regrette que Twitter "n'ait pas pris ses responsabilités" face à la multiplication ces derniers jours des messages antisémites recensés sous le mot-clé #unbonjuif. "Twitter n'a pas pris la mesure du racisme et de l'antisémitisme en France", s'agace le président de l'UEJF, Jonathan Hayoun, interrogé par Europe1.fr. "Si rien n'est fait, alors nous assignerons le responsable de Twitter, Dick Costolo, devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris pour avoir maintenu en connaissance de cause des propos antisémites", ajoute-t-il.
Un contenu illicite comme un autre
"Twitter estime que l'antisémitisme est un contenu illicite comme un autre. Il ne prend pas en compte le climat particulièrement tendu qui règne en France autour de la communauté juive", insiste Jonathan Hayoun à Europe1.fr.
Ce dernier tient toutefois à préciser que cette mobilisation contre Twitter ne s'apparente en rien à une forme de lobbying. "Il ne s'agit pas de revendications juives mais de dénoncer une dérive qui constitue un enjeu national. Nous aurions le même comportement s'il s'agissait d'islamophobie ou encore de racisme anti-Roms", assure l'étudiant.
Rencontre avec Fleur Pellerin mardi
De son côté, le gouvernement semble prendre les choses très au sérieux. Fleur Pellerin, la ministre déléguée en charge de l'Économie numérique, a convenu d'un rendez-vous mardi prochain avec l'Union des étudiants juifs de France. La ministre de la Justice, Christiane Taubira, avait pour sa part rappelé mercredi que les "messages à connotation raciste ou antisémite" qui se propagent sur les réseaux sociaux sont "punis par la loi" française. "Nous estimons que les pouvoirs publics doivent renforcer la lutte contre le racisme et l'antisémitisme", commente Jonathan Hayoun.
L'exemple allemand
Pour l'heure, Twitter se réfère en effet aux valeurs de liberté d'expression et à la loi américaine. Refus catégorique donc de supprimer les tweets ni même de jouer un rôle de modérateur. Toutefois, si une action en justice est lancée contre Twitter, le réseau social pourrait être amené à changer de position.
Depuis janvier dernier, Twitter se réserve en effet le droit de retirer "certains contenus" dans un pays donné. Mais à condition que la demande émane "d'autorités compétentes" et qu'elles soient "bien ciblées". En Allemagne, le réseau social a d'ailleurs accepté de bloquer jeudi le compte d'un groupe néo-nazi interdit, accédant pour la première fois à une demande des autorités nationales pour faire respecter la législation locale en matière de liberté d'expression.