Huit personnes mises en examen pour proxénétisme et trois personnes toujours placées en détention. L'affaire du Carlton de Lille a éclaboussé beaucoup de "notables". Tout commence en février 2011, la police met sur écoute trois personnes travaillant à l’hôtel Carlton de Lille. Elles sont soupçonnées d’avoir proposé les services de prostitués au sein de ce prestigieux établissement. Il s’agit de Francis Henrion le manager, Hervé Franchois le propriétaire et René Kojfer, le chargé des relations publiques de l’hôtel.
Au mois de mars, le parquet de Lille ouvre une information judiciaire pour proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment. Les mises en examen commencent et les têtes tombent. René Kojfer, qui dit connaître le tout-Lille, est mis en examen. Il serait également un "indic" de la police lilloise. Il est soupçonné d'avoir recruté des prostituées par l'intermédiaire du proxénète belge, Dodo la Saumure, propriétaire de plusieurs "salons de massage" en Belgique. Ce dernier a été interpellé par la police le 1er octobre et incarcéré depuis. Il proposait ses filles aux clients du Carlton, par l'intermédiaire du chargé de relations extérieures de l'hôtel.
L'affaire touche la police et le monde des affaires
René Kojfer connaissait aussi le milieu de la police lilloise et notamment son commissaire, Jean-Christophe Lagarde. Ce policier de 47 ans, très respecté par ses troupes, est cité dans cette affaire. Au mois d’octobre, il a été mis en examen pour proxénétisme aggravé et laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Non seulement il aurait, avec ses collègues, profité de prestations sexuelles tarifiées à Paris et Washington mais ce policier de haut rang est aussi présenté comme l’organisateur de soirées "très spéciales".
Ces parties fines étaient financées par David Roquet, directeur d’une filiale du groupe de BTP Eiffage et Fabrice Paszkowski, un entrepreneur lillois. Les deux ont été mis en examen. Lors de leurs auditions, les deux chefs d’entreprises, confirment l’existence de voyages outre-Atlantique avec de jeunes "escort girls" pour rendre visite à Dominique Strauss-Kahn, patron du Fonds monétaire international (FMI) à l’époque.
Parmi les participants : le commissaire Lagarde ainsi que Fabrice Paszkowski qui a échangé des SMS avec DSK. La question qui se pose maintenant c’est de savoir si l’ancien ministre peut être à son tour poursuivi et mis en examen pour deux chefs d'inculpation possibles : recel d'abus de biens sociaux et complicité de proxénétisme, en cas de recours régulier à un même réseau de prostitution.
Les précisions avec le reportage de Lionel Gougelot :
Dodo la Saumure : "A moins d'être naïf"
Dominique Strauss-Kahn demande maintenant à être entendu par les juges pour mettre fin aux "insinuations malveillantes". Pour Me Henri Leclerc, l’avocat de DSK, interrogé par Europe 1, l’ex-patron du FMI ignorait qu’il s’agissait de prostituées. "Dans ces soirées, on n’est pas forcément habillés. Je vous défie de distinguer une prostituée nue, d’une femme du monde nue".
Dodo la Saumure affirme le contraire. Pour le proxénète belge, pas de doute, DSK savait qu’il avait affaire à des prostituées rémunérées, "à moins qu’il soit extrêmement naïf", dit-il. "Si une fille cède tout de suite, qu’elle déjeune avec vous, que vous avez 62 ans, même si vous êtes patron du FMI, vous savez pertinemment qu’elle est rémunérée", explique le proxénète belge.
Deux options s’offrent aux juges chargés du dossier : la garde à vue pour l’ancien patron du FMI ou une audition comme simple témoin. Le sort de DSK sera fixé dans les premiers jours de janvier.