C'est une arnaque d'ampleur internationale : 143 milliards d'euros de faux crédits émis et des milliers d'entrepreneurs victimes en Europe, au Maghreb et aux Etats-Unis. Un "dossier d'escroquerie financière gigantesque", écrit le Parisien, qui révèle l'affaire vendredi, sous le couvert d'une banque onusienne. En France, près de 40 plaintes ont été déposées et 108 victimes ont été recensées.
Une filiale spécialisée dans le développement durable
L'arnaque était construite autour de la prétendue filiale américaine d'une banque, l'Union Entrepreneurs Fund (UNENF ), censée gérer des fonds des Nations Unies, spécialisée dans le développement durable. C'est sous son couvert que depuis 2005, des escrocs français, espagnols et portugais avaient fait croire à des entrepreneurs qu'ils pouvaient leur prêter de l'argent pour leur projet d'entreprise. Et c'est ici que toute l'escroquerie tient : pour débloquer les fonds, les clients devaient investir… sans jamais revoir l'argent par la suite.
Une information judiciaire a été ouverte en juin par le parquet de Foix, en Ariège. Elle vise les chefs d'"escroquerie en bande organisée","concours à une opération de placement illicite","blanchiment","dissimulation ou conversion du produit d'une escroquerie en bande organisée". Le préjudice a été évalué à 498.000 euros pour les victimes françaises connues.
Système pyramidal et lavage de cerveau
"Nous sommes face à un dossier vertigineux", confie-t-on au journal du côté du parquet de Foix. Et pour cause : l'arnaque était construite sur le système bien connu de la pyramide. Les candidats au crédit devaient recruter d'autres apporteurs de fonds pour alimenter la filière en argent, un procédé illégal en France.
Pour l'avocat des victimes, Me Kamel Benamghar,"cette organisation a opéré un véritable lavage de cerveau sur ces 'clients-victimes' qui ont encore beaucoup de mal à réaliser que tout ceci était une escroquerie. C'est parfois une vie entière de travail qui a été anéantie", précise l'avocat, évoquant des victimes qui parlent " d'un recrutement sectaire"."Les suspects ont plongé sciemment des personnes dans des situations débitrices catastrophiques face à des tiers ou à leur propre famille qui leur ont prêté de l'argent", explique encore l'avocat au quotidien.
Deux intermédiaires sous les verrous
La prétendue représentante pour l'Europe de la fausse banque, Gemma Estève, a été extradée d'Espagne il y a quelques jours. Elle rejoint ainsi en détention Michel Damien-Michaux, un rabatteur présumé qui vivait officiellement du RSA, selon le Parisien, et soupçonné d'avoir encaissé des commissions payées par les candidats au crédit. Le cerveau présumé, Carlos Emmanuel Dias, a quant à lui pris la fuite en Amérique du Sud. La section de recherches de la gendarmerie de Toulouse tente désormais de recenser toutes les victimes de la fausse banque de l'ONU.