Après près de quatre heures et demie de plaidoiries de la défense, dont trois rien que pour Me Koubbi, le procès en appel de Jérôme Kerviel s'est achevé jeudi à Paris. L'avocat de l'ancien trader de la Société Générale a demandé la relaxe de son client. La veille, le parquet avait requis cinq ans de prison ferme - soit deux de plus que sa peine de première instance - et le remboursement de la perte de 4,9 milliards d'euros. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 24 octobre.
Arrivé au tribunal avec un oeil au beurre noir et accompagné de Tristane Banon, Me David Koubbi a estimé que "la seule question intéressante est : 'La banque savait-elle?' De ce constat découle tout le reste." "Et si la banque savait, c'est une mascarade", a-t-il dénoncé. Me Koubbi a estimé que la banque avait "pourri" l'âme du trader.
Kerviel, seul face au réseau, "comme Tristane face à Dominique"
Les trois avocats de Jérôme Kerviel ont ainsi repris les grands arguments du procès : la Société Générale savait ce que faisait son trader et elle a profité de l'occasion pour lui faire porter le chapeau des pertes liées aux subprimes. Me Koubbi s'est également lancé dans une diatribe anti-système, décrivant "le cercle de feu" qui entourait Jérôme Kerviel, seul face au réseau, "comme Tristane face à Dominique" - en référence à la plainte de Tristane Banon (qu'il défend aussi) contre Dominique Strauss-Kahn pour viol.
Les autres avocats de Jérôme Kerviel avaient auparavant plaidé plus rapidement."On lui a fait jouer le rôle de lampiste. Jérôme Kerviel est un bouc émissaire. Jérôme Kerviel est un gentil garçon, un employé modèle, un homme honnête. Ce n'est pas un génie de la finance", a dit l'un d'eux, Me Benoît Pruvost. "Jérôme Kerviel a été décrit comme un hamster dans sa roue. Il est sorti de sa roue et nous vous demandons aujourd'hui de le sortir de sa cage", a-t-il conclu.
L'audience a aussi été marquée par un malaise de Jérôme Kerviel. L'ancien trader a dû sortir précipitamment à plusieurs reprises, visiblement victime de nausées. La température dans la salle d'audience étant étouffante, la présidente du tribunal lui a alors conseillé d’ôter sa veste, ce qu'il a fait.
"A aucun moment je n'ai menti à la justice"
Alors que la parole lui était donnée une dernière fois avant la clôture des débats, Jérôme Kerviel a dit "penser aux salariés du réseau de la Société Générale". "Je leur demande pardon, ils ont souffert d'un système auquel j'ai participé, que je n'ai pas mis en place...", a-t-il dit d'une voix à peine audible. "A aucun moment je n'ai menti à la justice", a-t-il également assuré, ajoutant qu'il ne "baisserait jamais les bras".