Ce n'est pas la première. Le 20 mars 2015, de 9h09 à 10h31, une éclipse solaire plongera une partie de l'Europe dans l'obscurité. À certains endroits, la baisse de luminosité pourrait atteindre 80%. Rien d'exceptionnel en soi : une éclipse similaire s'était déjà produite, en août 1999. Mais à l'époque, le contexte énergétique européen était quelque peu différent...
80GW de panneaux solaires en plus. "Il y a une différence considérable depuis 1999, c’est le développement important du photovoltaïque en Europe. L’éclipse va toucher 75.000 à 80.000 Mégawatt de photovoltaïque installés sur le continent" depuis 1999, indique ainsi Dominique Maillard, président de RTE, le gestionnaire du réseau de transport de l'électricité en France, cité vendredi par Usine nouvelle. S'il ne parle pas encore de risque de panne généralisée d'électricité en Europe, le président de RTE assure se montrer très vigilant sur ce phénomène, pour en "étudier les conséquences".
RTE devra être (très) réactif. Car s'il fait beau avant l'éclipse, "on pourrait voir disparaitre brutalement près de 30.000 MW du réseau électrique européen", explique encore Dominique Maillard. En France par exemple, le phénomène pourrait entraîner, d'un coup, l'arrêt d'approvisionnement en électricité de l'équivalent de plusieurs réacteurs nucléaires. Et c'est sans compter la hausse de consommation à prévoir, puisque qui dit baisse de luminosité, dit aussi hausse de l'allumage de lumière !
Lors du passage du jour à la nuit, l'arrêt de production d'électricité solaire n'est pas aussi brutal, et les réseaux ont le temps de s'adapter. Il s'agira donc là d'un bon test pour RTE et ses homologues européens, qui devront vite compenser ces arrêts de production brutaux par une électricité provenant d'autres sources. "Il y a plusieurs solutions possibles. Soit on diminue préventivement le volume de photovoltaïque. Soit on prévoit de la puissance hydraulique, qui est le moyen de production le plus rapide à mettre en œuvre. Soit on allume environ trois heures avant l’arrivée de l’éclipse des centrales à gaz", décrit Jean-Paul Roubin, directeur du Centre national d’expertise du système électrique de RTE, cité par Challenges.