"On nous accuse d'être des fouteurs de merde". Maria Stachura, mère d’un enfant autiste, se bat pourtant seulement pour que son enfant soit scolarisé dans de bonnes conditions. Récemment, Lucas a été exclu de son établissement privé catholique de Remiremont, dans les Vosges. Il aurait été jugé "trop turbulent" et "ingérable" par la direction de l’école. Mais ses parents avancent une toute autre version : celle de deux agressions dont a été victime leur fils. Ils ont donc décidé de porter plainte contre l’établissement devant le tribunal administratif de Nancy. L’audience s’est achevée lundi mais aucune décision n’est attendue avant mardi.
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Scolarisé dans une Clis. Cela faisait moins d’un an que le jeune garçon était scolarisé dans une classe pour l'inclusion scolaire (Clis) de l'établissement privé. Il avait été placé dans cette classe - permettant d’aménager son emploi du temps pour recevoir des soins - sur décision du Tribunal du contentieux de l'incapacité de Nancy.
"Mais, début février, le directeur de l'établissement a unilatéralement pris l'initiative de résilier le contrat permettant la scolarisation de l'enfant", a déploré l'avocat des parents, Me David Collot, qui a évoqué "des difficultés relationnelles entre l'établissement et les parents".
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"Mon fils s'est fait agresser deux fois". La mère du jeune Lucas, qui souhaite que son enfant reste scolarisé dans l’école privée, détaille les raisons de cette querelle avec l’établissement. "Mon fils s'est fait agresser deux fois. Quatre gamins l'ont plaqué contre un mur. Lui, il est autiste, il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il se retrouve en souffrance devant le regard de deux enseignants qui n'ont même pas bougé. C'est moi qui ait dû faire marche-arrière et rentrer dans l'établissement pour stopper ça. Je suis une maman, je demande des explications. Ces enfants là ne sont pas inquiétés, mais mon fils, on le déscolarise", fustige-t-elle.
Une école publique proposée à la place. Maria Stachura a donc décidé de saisir le tribunal administratif pour régler la situation. Mais à l’audience de lundi, où ni l'école ni le diocèse n’étaient présents, la question était surtout de savoir si le tribunal administratif était compétent pour se prononcer sur cette décision, l'exclusion du petit ayant été prise par un établissement privé. La réponse sera tranchée mardi. Le recteur de l'académie de Nancy-Metz, prévenu de la situation, a d’ores et déjà décidé de réaffecter l'enfant dans une école publique de Remiremont.
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Mais les parents refusent d'y laisser Lucas, l'encadrement médical et pédagogique n'étant pas suffisant. Selon les parents, l'établissement catholique est le seul qui permette de respecter le programme mis en place par la Maison départementale des personnes handicapées des Vosges pour leur fils.
Un risque de situations "anxiogènes" pour Lucas. Par ailleurs, le rapport d'un pédopsychiatre avait mis en évidence "l'évolution favorable" du jeune autiste depuis qu'il était scolarisé dans l'établissement, en complément de l'hôpital de jour. Tout changement d’établissement risque donc de freiner les progrès du jeune garçon.
"Lucas devrait alors affronter des situations profondément anxiogènes induites par le changement d'établissement. Il n'est par ailleurs pas établi, en l'état, que les soins qu'il suit actuellement pourront être poursuivis", a fustigé Me Collot, qui demande aux magistrats administratifs d'annuler la décision de résiliation de contrat et celle de réaffectation.