Entièrement voilée, assise sur un banc d'un jardin public toulousain, elle se disait "fière de (son) frère qui a combattu jusqu'au bout". Souad Merah, la sœur de Mohamed, filmée à son insu dans un documentaire diffusé sur M6 le 11 novembre, est depuis visée par une enquête préliminaire pour "apologie du terrorisme". Dans ce reportage, elle se confiait avec véhémence à son frère aîné, Abdelghani. "Je pense du bien de Ben Laden, je l'ai dit aux flics, je peux te le dire à toi", assurait-elle en appuyant ses déclarations par des propos antisémites : "les juifs, tous ceux qui sont en train de massacrer les musulmans, je les déteste".
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Après avoir porté plainte contre M6 pour atteinte à la vie privée, elle est revenue sur ses propos mardi dans une interview donnée à I-Télé. Un méa-culpa jugé peu spontané par les familles des victimes.
"Je condamne ses actes"
C'est également voilée de noir, ne laissant entrevoir que son regard, que Souad Merah est apparue sur I-Télé mardi. Dans un autre registre cette fois. "Les journalistes et en suite Abdelghani ont tout fait pour nous salir, pour nous accuser, pour nous rendre responsables des actes de Mohamed", a-t-elle regretté, niant avoir eu connaissance des projets de son frère."On m'a fait dire ces paroles à travers un montage, on m'a piégée", a-t-elle clamé."Je condamne ses actes, je ne suis pas d'accord avec ce qu'il a fait", a-t-elle affirmé en assurant que les Merah ne sont "ni antisémites, ni haineux de qui que ce soit ou de quoi ce soit".
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"La seule chose que l'on peut nous reprocher, c'est d'être de la famille de Mohamed, c'est tout", a regretté la jeune femme en évoquant l'information judiciaire dont elle fait l'objet. "Et encore, ce n'est pas un tort, Mohamed fait partie de la famille. Ce sont ses actes, c'est sa responsabilité, c'est lui qui devra en répondre le jour du jugement dernier", a-t-elle poursuivi. "Je suis une mère et je peux comprendre la douleur que les mères ont ressentie. Mais ça reste mon frère, ma chair et mon sang. Je l'aimerai quand même", a-t-elle déclaré en sanglotant.
Dans le viseur de la DCRI et des familles des victimes. Pour les familles des deux militaires victimes de Merah, elle et son frère Abdelkader, seul mis en examen dans l'affaire, ont joué un vrai rôle dans la radicalisation du jeune Mohamed. Au lendemain de la diffusion du documentaire polémique, leurs avocats ont demandé des poursuites contre Souad Merah pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise d'acte terroriste par fourniture de moyens".
Déjà en novembre 2010, une note de la DCRI présentant Mohamed Merah comme "membre d’une fratrie d’islamo-délinquants" faisait état que Souad a étudié le Coran "dans un institut religieux du Caire, en Égypte" avec son frère Abdelkader. Or, dans le documentaire elle a expliqué avoir payé certains billets d'avions pour les voyages "initiatiques" de son frère. Souad Merah a ensuite avoué avoir menti aux enquêteurs en leur disant que Mohamed Merah était en Algérie, alors que celui-ci partait à la recherche "des vrais frères" au Pakistan.
Une manœuvre par crainte de poursuites plus graves ? Pour Albert Chennouf, père de l'un des militaires victimes de Mohamed Merah, "Souad Merah aurait dû faire son mea culpa dès le départ". "Je ne suis pas attendri", a-t-il réagi également sur I-Télé. "Elle a bien appris sa leçon, elle joue un rôle", a-t-il estimé en exprimant sa conviction : Souad "a fait beaucoup plus qu'aider son frère".