Le combat de cinq mois a porté ses fruits. Progressivement, la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, en Seine-Maritime, revient temporairement à la vie. Le contrat conclu avec Shell prévoit en effet un seul mois d'activité, au lieu des six annoncés.
Pour autant, le sourire est revenu sur les visages des 550 employés de la raffinerie. L'estrade et les drapeaux CGT et CFDT dehors sont des vestiges d'un temps - au moins à court terme - révolu. "Pour l'instant, on rallume les fours, on les chauffe doucement parce qu'ils sont à l'arrêt depuis six mois et tous les murs réfractaires dans les fours doivent être ménagés pour qu'il n'y ait pas de choc thermique", témoigne au micro d'Europe 1 Erwann, qui travaille dans la salle de contrôle.
"Motivés à fond"
Une fois cette période de préchauffe terminée, "on pourra passer le brut", dont les premiers barils devraient être raffinés dans la journée de jeudi. En attendant, l'excitation est palpable dans la raffinerie. "On est prêts, on est motivés à fond. Les cheminées recommencent à cracher de la fumée. Pour nous c'est bien".
Le contrat porte sur le traitement de 100.000 barils de brut par jour qui seront fournis par Shell, l'ancien propriétaire du site. Une fierté pour les salariés qui se sont battus pour la reprise. "C'est quelque chose qui ne s'est jamais fait de redémarrer une raffinerie qui s'est arrêtée en France", savoure Sylvain. Tous s'accordent à dire que ce contrat de quelques semaines devrait permettre de "montrer qu'on fait du bon travail et de trouver un repreneur".
"4 à 5 dossiers solides"
L'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC s'est réjouie de ce redémarrage, en souhaitant toutefois qu'il ne se limite pas à quelques semaines. "Il faut amener Shell à rester le temps qu'un repreneur puisse prendre le relais sans que la raffinerie ne s'arrête à nouveau", a indiqué Yvon Scornet, son porte-parole. Fin mai, les administrateurs judiciaires avaient été saisis de trois manifestations d'intérêt mais pas d'offres fermes. De son côté, l'intersyndicale assurait travailler, ces derniers jours, sur "quatre à cinq dossiers solides".
Le tribunal de commerce de Rouen doit se prononcer sur le sort de l'entreprise le 24 juillet, à l'expiration de la période d'observation ouverte le 24 janvier. Il pourra soit retenir un projet de cession, soit prononcer l'arrêt de l'activité, soit encore proroger cette période.