Le procès des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris touche à sa fin. Après les plaidoiries des parties civiles et le réquisitoire du parquet, la défense a désormais la parole jusqu'à la fin de la semaine. Si certains avocats, qui considèrent sans doute que les procureurs leur ont mâché le travail, ne se donnent presque pas la peine de défendre leurs clients, d'autres se montrent plus combatifs, comme Benoît Chabert, le conseil de Jean De Gaulle, petit-fils du général.
Il est le dernier de la journée de mercredi à se présenter devant le président de la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, Dominique Pauthe. Ses deux premiers confrères n'ont pas pris la parole plus de quinze minutes, à eux deux... Le troisième s'est donné plus de mal pour tenter de convaincre les juges. Benoît Chabert, lui, prend son temps pour démonter l'accusation.
"Dans quelle justice sommes-nous ?"
"Quel étrange procès auquel nous assistons depuis deux semaines. Avec l'ombre d'un président, qui n'est pas là. Sa chaise est vide. Mais nous l'entendons à travers la voix de ses avocats", commence-t-il. "Dans ce dossier, on lit que c'est l'incertitude qui permet d'appuyer les charges. Mais dans quelle justice sommes-nous ?", dénonce Me Chabert. "Il n'y a rien en droit qui a été démontré par la partie civile", ajoute-t-il.
Pour lui, l'accusation contre son client repose d'abord sur son patronyme. "Vous vous seriez appelé Chabert, mon cher Jean, cela aurait été plus facile. Mais il y a des liens qui font qu'inévitablement, mon cher Jean, vous êtes chargé d'une culpabilité", dit-il à l'intention de Jean De Gaulle, assis sur le banc des prévenus, quelques rangs devant lui.
L'honneur du général De Gaulle en jeu
"Je défends un homme qui m'a dit, la première fois qu'il est rentré dans mon bureau 'Il n'y a pas que mon honneur qui est en jeu, il y a aussi celui de mon grand-père'", raconte encore Me Chabert. Après l'ombre de Jacques Chirac, celle du général De Gaulle s'est invitée au palais de Justice de Paris.
Point par point, Me Chabert s'est attaché pendant une heure à démonter les faits pour lesquels son client est poursuivi. Soupçonné d'avoir bénéficié du travail de plusieurs collaborateurs, Jean De Gaulle est jugé pour "recel d'abus de confiance" et "recel de détournement de fonds publics". Un cours de droit plus tard, sur la définition du recel dans l'ancien et le nouveau Code Pénal, Me Chabert termine sa plaidoirie en précisant que son client, pour être présent au procès, "s'est mis en disponibilité de la Cour des comptes pendant trois semaines parce qu'il n'imaginait pas [être payé] alors qu'il ne travaillait pas".