L’INFO. Mis en examen dans l’affaire Karachi, l’intermédiaire en armements, Ziad Takieddine contre-attaque. L’homme d’affaire franco-libanais a confié au juge Van Ruymbeke qu’il détenait les preuves d’un financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par Mouammar Kadhafi, selon le journal Le Parisien. Des preuves qu'il ne fournit cependant pas.
Qu’a dit Takieddine ? "Je peux vous fournir les éléments existants sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy" de 2007, a assuré l’intermédiaire en armements, le 19 décembre dernier, au juge Van Ruymbeke, alors que ce dernier l’interrogeait sur un autre dossier : son éventuelle complicité dans le financement illicite de la campagne d’Edouard Balladur en 1995, par le biais de rétrocommissions liées à des contrats d’armement signés par la France avec le Pakistan.
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Comment l'argent aurait transité ? Ziad Takieddine évoque plusieurs rencontres entre Béchir Saleh, le secrétaire particulier de Mouammar Kadhafi, et Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. "Guéant donnait alors à Saleh les indications bancaires nécessaires aux virements", assure l’ex-intermédiaire. Béchir Saleh aurait alors systématiquement rendu compte de ces échanges par écrit à Mouammar Kadhafi. Ces documents seraient aujourd’hui en possession de Mamoudi Bagdadi, le dernier Premier ministre de l’ère Kadhafi, selon Ziad Takieddine.
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Pour quel montant ? Ziad Takieddine avance des montants extrêmement élevés, "de plus de 100 millions d’euros", dont les plus importants ont été versé par la Libye "en décembre 2006 et janvier 2007". "J’ai les preuves que trois sociétés françaises ont bénéficié en Libye de contrats pour des prestations fictives", a assuré Ziad Takieddine à Renaud Van Ruymbeke. Le fils de Claude Guéant serait "dirigeant et actionnaire" de l’une de ces sociétés. "J’ai les contrats, les transfert d’argent, les destinataires les montants".
Quelles preuves ? Ziad Takkiedine affirme avoir lui-même vu les documents dont il parle. Il précise savoir où ils se trouvent mais se réserve la décision de les fournir ou non à la justice, indique Le Parisien. Pour cela, Ziad Takieddine demande l’ouverture d’"une nouvelle enquête, distincte de celle en cours sur Karachi", sur le financement libyen.
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Un contre-feu de Takieddine ? Les révélations faites par Ziad Takkiedine ne reposent pour l’instant que sur sa seule parole car il n’a pas apporté de preuve concrète de ses dires. Plusieurs fois mis en examen dans le volet financier de l’affaire Karachi, Ziad Takieddine est soumis à un contrôle judiciaire qui l’empêche notamment de sortir du territoire. En dénonçant le financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, l'intermédiaire d'armement pourrait aussi chercher à allumer un contre-feu.
Quelle réaction de Sarkozy ? Les avocats de Nicolas Sarkozy n’ont pas commenté les propos de Ziad Takieddine. L'ancien secrétaire général de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, a lui catégoriquement nié ces accusations. "Tout cela est absolument fantaisiste, c'est complètement faux", a-t-il dit à Reuters. "Je me demande bien ce qui peut conduire à dire des choses qui sont complètement fausses".