La SocGen ne réclamera pas les 4,9 mds à Kerviel

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avec AFP , modifié à
La banque a exclu de demander à Jérôme Kerviel de payer l'amende à laquelle il a été condamné.

"Il n'est pas question de réclamer de telles sommes à un homme seul". La Société Générale ne demandera pas à son ancien trader, Jérôme Kerviel, de rembourser les 4,9 milliards qu'il a fait perdre à la banque en 2008 et que la justice l'a condamné à payer.

"Ne pas endetter Kerviel"

"Est-ce qu'on a l'intention d'aller endetter Jérôme Kerviel sur 177.000 années ? La réponse est non", a déclaré la directrice de la communication du groupe, Caroline Guillaumin, mercredi sur France Info, faisant référence au calcul du nombre d'années qu'il faudrait au trader pour payer 4,9 milliards d'euros avec son seul salaire.

Depuis l'annonce du jugement mardi, les comparaisons entre les 5 milliards d'euros d'amende et des chiffres de la vie courante s'étaient multipliées. Du PIB du Burkina-Faso à 390.000 années de Smic en passant par le tiers de la fortune de Liliane Bettencourt, les médias n'ont pas manqué d'imagination.

Les internautes, tout comme ils s'étaient pris d'affection pour le trader quand l'affaire a été révélée en 2008, ont pris la défense de Jérôme Kerviel dès le jugement connu, en créant des sites et des groupes de soutien sur Facebook. Chez les employés de la Société Générale, les avis étaient plus tempérés : certains estimant que l'ancien trader avait fait beaucoup de mal à la banque, d'autres qu'il s'agit désormais d'histoire ancienne.

Un accord après le procès en appel

Caroline Guillaumin a laissé entendre que la banque et son ancien trader pourraient s'entendre sur un montant réduit, sans toutefois que l'établissement renonce à toute indemnisation. "Il y a eu condamnation très ferme. Ce n'est pas à nous de remettre en cause le jugement du tribunal", a-t-elle indiqué. Selon elle, l'accord ne peut pas intervenir avant le procès en appel.

"Pas question de négocier"

L'avocat de Jérôme Kerviel, Me Olivier Metzner, a exclu mercredi soir de négocier avec la Société Générale le montant des dommages et intérêts que l'ancien trader devra lui verser. Selon lui, la banque a eu une "réaction de communication". "Il n'est pas question de négocier", a-t-il dit. "Ce qui nous intéresse de la Société Générale, c'est qu'ils reconnaissent que Kerviel a travaillé pour leur compte et uniquement pour leur compte. (...) Aujourd'hui, nous considérons que nous ne devons aucun argent à la Société Générale", a ajouté l'avocat.

La banque pourrait chercher à récupérer d'éventuels droits d'auteurs que Jérôme Kerviel obtiendrait de son livre ou de son éventuelle adaptation au cinéma, analyse la journaliste spécialisée Pascale Robert-Diard, sur lemonde.fr.

Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement, avait estimé dans la matinée que la banque pourrait "faire un geste". "C'est une décision qui appartient à la Société Générale", a-t-il nuancé.