"Il est certain qu’il doit y avoir une loi", juge l’ancien garde des Sceaux Robert Badinter, mardi matin sur Europe 1, au sujet du port du voile intégral, mais ce n’est "pas une question d’urgence". Le sénateur socialiste ne mâche pas ses mots : "l’exploitation des faits divers et leur utilisation pour faire des lois de circonstance est une pratique législative détestable. C’est le contraire même de ce que doit être une bonne législation".
"Vivant, je continuerai"
A 82 ans, Robert Badinter poursuit son combat pour que les prisons cessent d’être "un lieu de corruption, de misère et de souffrance". "Que l’indignation demeure, ça prouve que je suis encore vivant, et tant que je suis vivant, je continuerai". Il est de retour d’un voyage en Moldavie et en Ukraine où il a visité des prisons qui dataient de l’époque tsariste avec l’Unicef. Il y a vu des cellules collectives de 2 mètres carré dans lesquels étaient superposés 8 à 10 lits. A Kiev en Ukraine, des mineurs et des adultes partageaient la même cellule ce qui favorise la corruption et le risque d’agression sexuelle. Il y avait une seule toilette pour tout le monde et une "insuffisance totale de prise en compte par des psychiatres". "En France c’est indiscutablement mieux", conclue Robert Badinter. "Beaucoup d’efforts sont faits."
Soixante après avoir visité pour la première fois une prison, Robert Badinter ne perd pas espoir et cite son autre combat la peine de mort. "L’abolition de la peine de mort a progressé d’une façon que je n’aurais même pas osé espérer", confie son instigateur. La France était le 35ème pays à l’abolir, il y en a aujourd’hui 138. "En ce qui concerne les prisons c’est beaucoup plus complexe. Dans tous les Etats démocratiques, vous ne pouvez pas améliorer la condition de vie des détenus, au dessus de la condition de vie du travailleur le plus défavorisé parce qu’on le supporte pas". "Dans les pays à grande misère", cela donne des "prisons désolantes".