A quelques jours de l’ouverture du salon de l’Agriculture, France Nature Environnement s'offre une polémique. La nouvelle campagne de communication de l'association contre l’agriculture intensive, à grands renforts de photos et de slogans chocs, est loin d’avoir plu à tout le monde. Au lendemain de son lancement, le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a condamné ces affiches, qui ciblent notamment l'usage des OGM et la pollution aux algues vertes toxiques.
"Une provocation"
"La campagne de FNE, je pèse mes termes, est un scandale et une provocation", a ainsi lancé le ministre de l’Agriculture mercredi. "Quand est-ce que nous cesserons dans notre pays d'accabler les agriculteurs de tous les maux de notre société ?", a-t-il demandé devant les députés.
Un avis partagé par la FNSEA, principal syndicat agricole, qui considère que ces six affiches "atteignent le monde agricole". "C'est une campagne d'une grande imbécilité. Elle est assez caricaturale. Je suis malheureux", a dit Xavier Beulin, le nouveau président de la FNSEA lors d'une conférence de presse.
La région Bretagne attaque FNE
Même son de cloche du côté de la région Bretagne. L’une des affiches, qui montre une plage recouverte d’algues vertes, avec le slogan "bonnes vacances", n’a pas du tout plu au président PS de la région, Jean-Yves Le Drian.
Dans un communiqué diffusé mercredi, il a annoncé que la région Bretagne assignait en justice France Nature Environnement pour "atteinte à son image". Selon lui, la campagne fait de "la première région agricole de France" une "source de pollution et de mise en danger d’autrui".
NKM défend la liberté d’expression
La ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, n’est pas du tout de l’avis de Bruno le Maire. Elle a défendu mercredi "le droit d'expression" des ONG environnementales. "Je pense que c'est un principe fondateur du Grenelle de l'environnement", a-t-elle lancé.
Les paysans "pas visés", pour Bové
Pour José Bové, la campagne de FNE ne vise pas les "paysans", mais "le modèle de l’agriculture productiviste". Le député européen écologiste, loin de fustiger les affiches-choc, a estimé, jeudi sur Europe 1, que la campagne pointait un "véritable problème", celui de "l'agriculture industrielle". "Il faut être prudent et ne pas caricaturer", a-t-il ajouté.
FNE voulait "faire réagir"
France Nature Environnement a répondu, en expliquant ne pas vouloir se battre contre les agriculteurs mais dénoncer un modèle dont ils "sont souvent les premières victimes".
"De façon évidente, il ne faut pas prendre les visuels au pied de la lettre, ils sont là pour faire réagir", a précisé l’association par communiqué.