Coup de massue pour Sylvie Andrieux. La députée socialiste des Bouches-du-Rhône a été condamnée mercredi à trois ans de prison, dont deux avec sursis, par le tribunal correctionnel de Marseille. Elle a également été condamnée à 100.000 euros d'amende et à 5 ans d'inéligibilité. Sylvie Andrieu, qui était jugée pour détournements de fonds publics fait appel.
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Une peine supérieure aux réquisitions. En mars, au cours d'un procès où elle avait comparu parmi une vingtaine de prévenus, le procureur Jean-Luc Blachon avait requis à son encontre deux ans de prison avec sursis, 50.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité. Ses avocats avaient dénoncé un dossier "à l'odeur nauséabonde" et un "traquenard politique", plaidant la relaxe.
740.000 euros détournés. Mi-2007, Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère de l'Économie, avait signalé des flux financiers suspects repérés entre juin 2005 et janvier 2007 sur les comptes de plusieurs associations et de sociétés du BTP installées dans les quartiers Nord de Marseille. Une enquête avait alors été ouverte sur le détournement présumé de quelque 740.000 euros de subventions de la Région.
La justice accusait en fait Sylvie Andrieux d'avoir, en toute connaissance de cause, présenté au vote du Conseil régional des dossiers de demandes de subventions d’associations fictives, créées avec l’unique objectif de rétribuer des personnes l'ayant aidée à s’implanter et à se faire élire dans certains quartiers, notamment dans le 14e arrondissement de Marseille.
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Andrieux évoque "une décision injuste". "Je prends acte d'une décision injuste dont j'ai aussitôt fait appel. Je n'ai commis aucun des faits qui me sont reprochés et je vais consacrer toute mon énergie à en faire la démonstration devant la cour d'appel", a déclaré la socialiste dans un communiqué. Cet appel a un effet suspensif sur sa condamnation. "Cette décision n'entame en rien mes convictions et le combat que j'ai toujours mené. Dans un souci de clarté, je ne m'impliquerai pas dans le débat électoral local jusqu'à ce que mon innocence ait été reconnue", a-t-elle ajouté. La parlementaire a par ailleurs annulé une conférence de presse qu'elle devait tenir cet après-midi. "Les motifs de la décision n'étant pas rédigés", elle est devenue "sans objet", a-t-elle expliqué.
Le Roux lui demande de "se mettre en retrait".Harlem Désir, premier secrétaire du PS, a demandé à la députée socialiste de se "mettre en congé du parti le temps de la procédure en appel", a-t-il annoncé. "Si elle ne le faisait pas, je proposerais au Bureau national (direction du parti, ndlr) sa suspension, le temps de la procédure d'appel, comme le prévoit la charte éthique adoptée au congrès du PS de Toulouse en cas de condamnation en première instance pour des faits aussi graves", a-t-il ajouté. Auparavant, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, avait dit qu'il s'apprêtait à lui demander de se mettre "en retrait" du groupe après sa condamnation, qu'il a qualifiée de "grave".
Il faut dire qu'avec celle des frères Guérini, l'affaire Andrieux est de celles qui gênent le PS dans le département. Alors que l'élue était déjà mise en examen depuis deux ans, Solférino lui avait retiré son investiture à la veille des législatives de juin 2012, son renvoi en correctionnelle ayant fuité dans la presse. Cela ne l'avait pas empêchée de remporter un quatrième mandat, de justesse au second tour face au Front national et de rester apparentée au PS.