La réforme du collège, qui entrera en vigueur à la rentrée 2016, n'en finit pas de susciter des mécontentements. Dernier en date : la suppression annoncée des sections européennes. Dans ces classes, les élèves apprennent les langues vivantes de manière intensive, dès la sixième. Les collégiens font aussi l'apprentissage de l'histoire-géographie ou des sciences physiques, par exemple, via l'anglais ou une autre langue qu'ils ont choisie. Depuis sa création en 1992, le dispositif a rencontré un vrai succès puisqu'on compte aujourd'hui 5.800 sections européennes dans les collèges et lycée de France. Ce qui représente plus de 200.000 élèves chaque année.
Eviter les classes d'élite. La ministre de l'Education nationale justifie cette suppression en invoquant l'élitisme de ces sections européennes. Ces classes ne profiteraient, au final, qu'aux familles les plus aisées. "C'est un argument qui se retourne", estime Nicolas Barré, éditorialiste d'Europe 1. "Si l'enseignement public cesse d'offrir ce cursus à ces enfants de familles favorisées, ces derniers iront encore plus dans le privé et il y aura donc encore plus d'inégalités".
Des heures de langue en plus. La rue Grenelle justifie également cette suppression en brandissant la grande nouveauté de la réforme du collège : l'apprentissage d'une deuxième langue vivante dès la cinquième au lieu de la quatrième. Les élèves auront 2 h 30 hebdomadaires de LV2 en cinquième, et autant en 4e et 3e - soit 7 h 30 au total, contre 6 heures aujourd’hui. Sans compter le temps passé pour la première langue vivante qui ne change pas : 4h en sixième, puis 3h à partir de la cinquième.
Les autres langues délaissées ? Au collège International de Fontainebleau, enseignants et parents d'élèves sont vent debout contre cette réforme. Cette prof d'allemand pointe un réel handicap pour la France si on supprime ces sections. Les élèves n'apprendront plus que l'anglais et les autres langues étrangères seront encore plus délaissées. "Apprendre l'allemand, le russe, le portugais en 2h30, ce n'est pas possible. On va se rendre ridicules aux yeux des étrangers. On va 'baragouiner' les langues étrangères", déplore cette enseignante.
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