C’est une formation unique en France et en Europe. Mais elle pourrait disparaître. La section des étudiants empêchés de l’université Paris-Diderot s’est vue couper les vivres en 2008. Les 30.000 euros de subventions, versées par le Ministère du Travail et de la Solidarité, ont été supprimés. Depuis, les professeurs de la section dédiée aux cours en milieu carcéral se mobilisent.
La licence d’histoire a fermé ses portes
"Faute de moyens, nous avons dû fermer la licence d’histoire que nous enseignions à la maison d’arrêt de Fresnes, en septembre dernier", regrette Didier Samain, professeur de linguistique qui assure les cours de licence de lettres modernes à la prison de la Santé et à celle de Poissy. "Nous organisons une journée de mobilisation demain (vendredi, ndlr) sur le campus de Jussieu pour essayer de trouver des étudiants bénévoles, mais aussi pour faire parler de la fermeture qui menace la section", explique-t-il à Europe1.fr.
Créée au milieu des années soixante-dix, la section des étudiants empêchés ne peut plus, aujourd’hui, financer les droits d’inscription des détenus. "Tous ne sont pas exonérés des frais de scolarité. Si cela continue nous allons devoir fermer nos autres licences", s’inquiète Didier Samain.
"Leur porte ouverte sur le monde"
Ce professeur enseigne depuis 1994 dans les différents établissements pénitentiaires qui bénéficient du dispositif. "La première fois que j’y suis allé, cela a été une grosse surprise, confie l’universitaire, parce que les personnes à qui j’avais à faire étaient étonnamment comme vous et moi". A la différence que ces étudiants-là sont beaucoup plus curieux et demandeurs que leurs camarades sur les campus, selon le professeur.
"Ces étudiants perçoivent l’enseignement comme un temps de reconstruction", raconte Didier Samain. "A Poissy, où la plupart sont condamnés à de lourdes peines, les étudiants ne veulent pas rester en "stand by" et sont très demandeurs. Nous sommes leur porte ouverte sur le monde", analyse-t-il. Mais cette porte risque de se refermer si la section ne trouve pas un moyen de se financer. L’université Paris VII va prendre en charge une partie des frais. Pour le reste, la section pourrait faire appel à des mécènes.