Le syndicat enseignant Unsa dévoile mardi une enquête fouillée, menée auprès de 6.500 professeurs*, sondés sur les principales pistes envisagées par le gouvernement pour réformer l'Education nationale. Europe 1 s'est procuré cette enquête en exclusivité. Globalement, il ressort de cette étude que les enseignants sont attachés au respect de leur autonomie dans les salles de classe et qu'ils souhaitent être mieux reconnus. Plus surprenant, et c'est la première fois qu'une étude le mesure à ce point, l'idée d'un abandon des bonnes vieilles notes sur 20 commence à faire son chemin chez les enseignants eux-mêmes. De quoi relancer le débat ?
Plus d'un tiers des enseignants contre les notes
Jusqu'à présent, les parents d'élèves étaient en première ligne dans ce débat sur le système de notes à la française, le jugeant trop subjectif, trop stigmatisant. Mais désormais, le débat s'invite jusque dans les salles de profs. De plus en plus d'enseignants, un gros tiers (39%) d'après l'étude de l'Unsa, se disent ainsi favorables à l'abandon des notes.
Selon Christian Chevalier, secrétaire général du Syndicat des enseignants de l'Unsa joint par Europe 1, "c'est une surprise d'avoir ce résultat". "Le fait qu'on s'interroge aujourd'hui sur les modalités d'évaluation des élèves est tout à fait nouveau. Jusqu'à présent, la note, c'était l'habitude, c'était comme ça et on voit bien qu'aujourd'hui elle ne permet pas de mesurer finement les évolutions des élèves. C'est souvent un couperet qui tombe, au-dessus de 10 et en dessous de 10. Y a-t-il une grande différence entre 9/20 et 11/20 ? C'est assez subjectif", rappelle-t-il au micro d'Europe 1.
"Plus de lisibilité vis-à-vis des familles"
A ces notes, pourrait par exemple se substituer un système "zéro note", autrement dit des appréciations uniquement, comme cela existe déjà en maternelle et aussi souvent en primaire : compétence acquise, en cours d'acquisition, ou non acquise. Ce système aurait l'avantage de mieux mesurer la progression des élèves, expliquent les partisans de ce modèle, plutôt que de faire des moyennes qui englobent beaucoup de choses. Car des notes parfois très bonnes, parfois très mauvaises, au final, ça ne veut pas dire grand-chose, poursuivent-ils.
Christian Chevalier souligne ainsi que dans "un certain nombre de pays, notamment les pays nordiques, le système d'évaluation n'est pas axés sur des notes. On est plus sur des appréciations qui permettent de mesurer les progrès des élèves où on voit si les compétences sont acquises, en cours d'acquisition ou pas acquises du tout. Et en fonction de cette évaluation, on voit bien très bien ce que ça veut dire, y compris pour les parents". "En termes de lisibilité vis-à-vis des familles, cela peut avoir du sens", plaide-t-il.
S'il était amené à se mettre en place un jour, ce nouveau système concernerait avant tout l'école primaire ou le collège. Ce serait en effet plus difficile au lycée, à cause du bac qui lui, avec ses notes et ses mentions, continue à déterminer souvent l'orientation des élèves dans l'enseignement supérieur.
64% des sondés sont syndiqués dont 89% au SE-Unsa.