L'INFO. Stéphane Richard est toujours entendu par les enquêteurs. L'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde et actuel PDG d'Orange, interrogé depuis lundi dans le cadre de l'affaire Tapie, a vu sa garde à vue prolongée de 24 heures mardi matin. La situation est identique pour Jean-François Rocchi, l'ancien patron du Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de gérer le passif du Crédit lyonnais, est lui aussi entendu. Ces gardes à vue s'achèveront au plus tard mercredi matin.
Depuis lundi, Stéphane Richard doit s'expliquer sur son rôle et la responsabilité du ministère de l’Économie dans la décision de recourir en 2007 à un arbitrage mettant fin au contentieux entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais.
Ce que cherchent les juges. Les juges d'instruction du pôle financier de Paris enquêtent sur l'arbitrage qui a permis à l'homme d'affaires d'obtenir 403 millions d'euros pour solder le litige sur la vente d'Adidas, en juillet 2008. Ils cherchent à savoir si cet arbitrage a été entaché d'irrégularité et s'attachent pour cela à démonter la chaine de prises de décision ayant conduit au choix de recourir à un tribunal privé. Ils étudient en particulier le mode de désignation des arbitres et la décision du gouvernement de ne pas contester cet arbitrage malgré des soupçons d'irrégularité. Dans cette affaire, l’ancien haut magistrat Pierre Estoup, l’un des trois juges du tribunal arbitral a d'ores et déjà été mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Christine Lagarde a quant à elle été placée sous le statut de témoin assisté.
Un arbitrage sur "instruction" de Claude Guéant… Stéphane Richard devait être entendu en détail sur le rôle de Bercy et de l’Élysée. Il n'y a eu "ni ordre, ni instruction, ni pression particulière" de l’Élysée pour aller à l'arbitrage, avait affirmé à plusieurs reprises l'ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, l'actuelle patronne du FMI, qui était ministre de l’Économie à l'époque. Selon le Canard Enchaîné, Stéphane Richard a soutenu le contraire au journal satirique, évoquant une "instruction" transmise par Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Élysée, lors d'une réunion en 2007 avec lui-même et Jean-François Rocchi, président du Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de solder le passif du Crédit lyonnais.
… ou simple "validation" de procédé ? Sur cette prise de décision concernant l'arbitrage, Stéphane Richard a par la suite confirmé à l'AFP une "réunion de validation" avec Claude Guéant. Le PDG d'Orange a cependant affirmé que l'idée même émanait des liquidateurs des sociétés de Bernard Tapie et qu'elle avait été relayée par Jean-François Rocchi. Selon lui, Lors de la rencontre, "il est apparu clairement que la solution de l'arbitrage était validée par le président de la République (Nicolas Sarkozy) qui n'en a jamais fait mystère", a raconté Stéphane Richard. Depuis 2008, Christine Lagarde a toujours revendiqué la responsabilité de l'arbitrage et la décision de renoncer à en demander l'annulation. Elle a été placée récemment sous le statut de témoin assisté dans l'enquête la visant conduite par la Cour de justice de la République.