La loi Evin ? Pas de ça dans leur train. Certains voyageurs, accros au tabac, accaparent depuis plusieurs années des rames de trains de banlieue de l'est parisien. A l'intérieur, ces irréductibles Gaulois résistent à l'interdiction de fumer.
Un club très fermé
Ils sont étudiants, cols blancs, ouvriers ou encore jeunes mamans. A force de faire le trajet ensemble depuis des années dans les trains qui relient Château-Thierry, Coulommiers et Provins à Paris, ils se connaissent tous. Car pour entrer dans l'un de ces wagons, il faut montrer patte blanche. Comme en boîte de nuit, les entrées sont filtrées. "On guette, et si on a des doutes [sur l'un des passagers], on ne fume pas", explique Roland sur Europe 1.
Pas de fumeur dans leurs wagons
Les non-fumeurs sont persona non grata dans ces wagons. L'équation est simple : soit ils supportent la fumée de cigarette, soit ils voyagent ailleurs. Aux heures de pointe, la situation peut virer à l'absurde avec plus d'une centaine de passagers entassés dans une rame et à peine trente fumeurs dans celle d'à côté.
Dès que les portes se referment, les briquets entrent en action. Un guetteur est chargé de prévenir les fumeurs si un contrôleur arrive. Aussitôt, les mégots sont jetés. Car les fumeurs connaissent la règle : pas de flagrant délit, pas de sanction. "Parfois les flics passent. Mais quand ils passent, plus personne ne fume. C'est comme un jeu. Si tu perds, tu paies ta prune et basta", explique Pascal.
Des amendes à 68 euros pour lutter
Dans l'arsenal de la SNCF pour lutter contre ces rebelles, il n'y a guère que les amendes. Mais les PV à 68 euros ne sont pas très dissuasifs. D'autant que la solidarité parmi les fumeurs est bien réelle : si l'un d'entre eux est verbalisé, tous se cotisent et participent.
La SNCF a donc décidé de frapper un grand coup. Elle vient de passer un accord avec la police : des policiers en civil vont monter à bord de ces trains Gare de l'Est pour interpeller en flagrant délit les fumeurs et "si nécessaire les mettre en garde à vue", prévient Eric Cinotti, le directeur des Transiliens en Gare de l'Est.
"Un coup d’épée dans l’eau"
En interne, ces opérations coup de poing laissent perplexe. Les agents estiment qu'il faudrait occuper le terrain en permanence pour faire bouger les choses. "Si on fait des actions ponctuelles, c'est un coup d'épée dans l'eau", avertit Didier Attali, le directeur de la ligne de Meaux. Mais être sur place matin et soir, 365 jours pas an, pour un problème de cigarette, cela semble peu réalisable. L'an dernier, un millier de PV ont été dressés.