L’INFO. L’étau se resserre autour d’Edouard Balladur. Les juges chargés du volet financier de l'affaire Karachi ont en effet obtenu du parquet un réquisitoire supplétif pour enquêter sur d'éventuels "détournements de fonds publics" lors de la campagne présidentielle de 1995 de celui qui était alors Premier ministre, a-t-on appris mercredi de source judiciaire, confirmant une information du Monde. Peu loquace sur les réseaux sociaux, Edouard Balladur a cette fois décidé de s'exprimer sur cette décision sur son compte Twitter :
La présomption d'innocence est le principe selon lequel toute personne est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été prouvée.— Edouard Balladur (@EdouardBaIladur) July 24, 2013
Pourquoi cette décision de justice ? Dans ce dossier, les éléments troublants s’accumulent. Comme ce témoignage d’un ancien gendarme, militant RPR, qui raconte avoir été payé chaque mois à hauteur de 30 à 50.000 francs par les fonds secrets de Matignon. Ou encore ces trois millions de francs en liquide versés en avril 1995 pour financer la campagne, là encore prélevé sur les fonds secrets, selon René Galy-Dejean, ancien trésorier de la campagne.
Afin d’élargir le champ de leurs investigations, les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire avaient donc demandé à la justice un réquisitoire supplétif. Jusqu’ici, ils ne pouvaient en effet pas enquêter sur ces soupçons de détournements de fonds publics, tout simplement car ils n’en étaient pas saisis. Grâce à la décision du parquet de Paris, c’est désormais le cas.
Et les rétrocommissions ? C’est l’autre volet de l’affaire. Outre les fonds spéciaux, la campagne de l’ancien Premier ministre aurait également bénéficié de "rétrocommissions" issues de ventes d'armes fin 1994 au Pakistan et à l'Arabie saoudite. C’est en tout cas ce qu’a assuré Ziad Takieddine (photo) à la justice, L’homme d’affaires libanais - un homme-clé dans ce dossier tentaculaire - avait déclaré qu’une partie des sommes reçues en marge de la vente, fin 1994, de sous-marins au Pakistan et de frégates à l'Arabie saoudite avaient été reversée à des proches d’Edouard Balladur.
Takieddine libéré ? Écroué le 31 mai dernier, à Paris, l’homme d’affaires pourrait prochainement recouvrer sa liberté. Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire viennent en effet, selon Le Monde, de notifier une ordonnance de remise en liberté, assortie toutefois d'une caution d'un montant de 4,3 millions d'euros.