En 2000, Jérôme Kerviel, 23 ans, entrait à la Société Générale. Dix ans ont passé. L’ancien trader, un homme fatigué, a rendez-vous mardi devant le tribunal correctionnel de Paris qui rendra son jugement sur la perte de 4,9 milliards d'euros. Une somme qui n’a plus rien à voir avec le nouveau train de vie de Jérôme Kerviel.
Lors du procès, en juin dernier, Jérôme Kerviel a décliné son identité, se présentant comme un "consultant informatique" dans une petite société, installée en banlieue parisienne. Le montant de son salaire : 2.300 euros par mois. Il "déjeune avec ses tickets restaurants", a raconté son entourage, dans les colonnes du Figaro.
"La vie d’avant, je ne souhaite plus l’avoir"
Jérôme Kerviel a gagné, en tant que trader, jusqu’à 100.000 euros brut par mois. Mais "la vie d’avant, je ne souhaite plus l’avoir", a-t-il confié dans une interview pour le magazine 7 à 8 sur TF1. "Si je pouvais retomber dans l’anonymat demain, ce serait l’un de mes souhaits les plus chers", a-t-il ajouté, lassé d’être reconnu dans la rue ou le métro.
Un homme "ordinaire", d’une nature discrète, c’est le portrait que Jérôme Kerviel a toujours dressé de lui-même. Celui qui avait été surnommé "Cash machine" dans sa salle de trading n’a finalement jamais accepté de se mettre en scène dans des films publicitaires pour lesquels il avait pourtant reçu des propositions. Refusé aussi le projet d’émission sur l’actualité boursière.
Un homme qui a peur de la prison
Depuis quelques jours, dans l’attente du jugement du tribunal correctionnel de Paris, Jérôme Kerviel reste chez lui, caché, aux côtés de sa compagne qui l’avait déjà accompagné lors des audiences. Ceux qui ont pu le croiser dernièrement décrivent un homme usé par l'affaire. Et qui vit avec la peur de retourner en prison, où il a déjà passé 36 jours en détention provisoire.
Seule perspective désormais : s’il est relaxé, Jérôme changera définitivement de vie et quittera la France.