Les médecins scolaires poussent un cri d'alarme : ils sont de moins en moins nombreux. En 10 ans, la profession a perdu 30 à 50% de ses effectifs, selon les départements. Dans l'Ain, pas exemple, il n'y a tout simplement plus un seul médecin scolaire. Pourtant, leur rôle est capital, les médecins scolaires dépistent en effet les troubles du langage, de la vision, ou de l'ouïe. Leur disparition progressive inquiète donc les parents et les profs.
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Des médecins "multitâches". Car les médecins scolaires sont les spécialistes de l'enfant les plus pointus. Pour obtenir l'équivalent d'une visite chez ces spécialistes, il faudrait consulter un pédiatre, un ophtalmologiste et un ORL. Autant de rendez-vous dont les délais d'attente dépassent généralement les neuf mois.
Une pénurie qui met les élèves en difficulté. Cette pénurie de médecin scolaire peut avoir des répercussions dramatiques sur le parcours scolaire des élèves. C'est notamment le cas d'une élève âgée de 8 ans que ses parents croyaient en grosse difficulté scolaire. Elle arrivait en effet à peine à écrire. Et la jeune fille, scolarisée en région parisienne, n'avait jamais vu un médecin scolaire avant le CE2. Sa visite dans le cabinet du docteur Jocelyne Grosset va donc lui enlever une grosse épine du pied, raconte la médecin scolaire.
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"J'ai vu cette enfant, avec la maman et j'ai repris tout son parcours. Je n'ai constaté aucune pathologie. J'ai alors poursuivi mes tests. En fait, je suis tombée sur une enfant qui avait un trouble de la vue important, qui n'avait jamais été dépisté. C'est un exemple où, un enfant, qui aurait été vu en grande section, ou au bilan de 4 ans, aurait pu suivre un parcours scolaire tout à fait ordinaire. On a mis cette enfant en difficulté", estime la spécialiste, contactée par Europe 1.
15.000 élèves par médecin. La faute à un manque d'effectif criant. Les médecins scolaires sont aujourd'hui environ 1.100 praticiens, titulaires ou vacataires, contre plus de 2.000 en 2001. Ils doivent pourtant consulter le même nombre d'enfants, soit environ 12 millions d'élèves répartis dans les écoles, collèges et lycées. On parle donc de travail à la chaîne pour ces médecins qui doivent suivre en moyenne 10 à 15.000 enfants chaque année. Une mission impossible, ils le disent clairement, ils ne voient pas tous les enfants.
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Des retraités appelés à la rescousse. Et la situation devrait s'aggraver, puisque 50 % de ces effectifs seront partis à la retraite d'ici à 5 ans. Deux raisons expliquent cette pénurie. D'abord, ces spécialistes gagnent très mal leur vie, soit 500 à 1000 euros de moins par mois que leurs confrères des centres municipaux de santé, ou des plannings familiales. Et surtout, leur métier est méconnu, c'est-à-dire qu'il n'est pas enseigné en fac de médecine. Pour pallier à ce manque d'effectif, des académies font donc appel à des retraités, rapporte Le Figaro.