Un diplôme piraté. Une femme de 42 ans a été condamnée mardi à Bordeaux à 900 euros d'amende pour avoir piraté les diplômes d'une avocate bordelaise et dispensé, pendant près de deux ans, des cours de droit, d'économie, sans que personne n'ait à se plaindre de son travail. Outre 90 jours amende à 10 euros, cette mère de deux enfants a été condamnée par le tribunal correctionnel de Bordeaux à verser 2.000 euros pour préjudice moral à l'avocate dont l'identité informatique a été "écrasée", et 1 euro symbolique de dommages et intérêts à un lycée professionnel de Biganos, en Gironde, qui avait porté plainte.
Erreur informatique. Profitant en 2010 d'une erreur, informatique ou humaine, lors de son inscription en auditrice libre en fac de droit, la prévenue, titulaire en tout et pour tout d'un bac professionnel, s'était retrouvée dans le profil universitaire d'une avocate. Elle avait alors utilisé les diplômes de cette dernière - notamment une Maîtrise en droit pénal, un DESS en droit des relations du travail et un DEUG d'économie - pour décrocher des heures de vacations en 2011 et 2012, dans un Centre de formation d'apprentis, un lycée professionnel et une école privée. La supercherie avait été découverte lors d'une vérification informatique à l'université.
Une "tricherie"... "Ce n'est pas la qualité de l'enseignement donné à ses élèves" qui est jugée, a posé le procureur Yves Squercioni, dénonçant une "entrée en trichant dans le métier d'enseignant", par une femme qui certes a suivi des cours mais "n'est jamais allée au bout de la logique qui veut que (ses) connaissances soient jugées par une note". Il avait requis six mois de prison ferme et cinq ans d'interdiction d'enseigner.
ou une "aubaine". "Il existe des gens qui sont incapables d'affronter des examens", a plaidé l'avocat, Me Arnaud Dupin, qui a estimé que sa cliente, qui reconnaît l'infraction, n'a fait "que profiter d'une aubaine". Et au final, "elle a fait plus de satisfaits que d'insatisfaits, les quelques années où elle a pratiqué" comme prof. De fait, au lycée de Biganos, les résultats de sa vingtaine d'étudiants en 2012 furent identiques à l'année précédente avec un autre enseignant, agrégé celui-là : un seul échec au BTS de droit bancaire. Échec "nullement imputable" aux cours de la fausse enseignante, a assuré mardi le proviseur Laurent Brugnet, pour qui "aucun élève n'avait rien remarqué".