Fin 2012, le tribunal correctionnel de Marseille l'avait condamnée à un an de prison avec sursis pour homicide involontaire à la suite du meurtre commis par l'un de ses patients. La psychiatre Danièle Canarelli est rejugée lundi par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. Cette condamnation en première instance avait à l'époque suscitée une levée de boucliers dans le monde de la psychiatrie.
>> La praticienne, toujours en activité, s'est confiée pour la première fois au micro d'Europe 1 à la veille de ce nouveau procès.
"On essaye de construire un fonctionnement fautif de ma part". "J'aimerais comprendre, très exactement, la faute grave que l'on me reproche", confie Danièle Canarelli. Après 20 jours de fugue, le 9 mars 2004, à Gap, dans les Hautes-Alpes, son patient Joël Gaillard tuait le compagnon octogénaire de sa grand-mère à coups de hachette. Le "point d'orgue d'un parcours médical marqué d'une succession d'échecs", soulignait le jugement en première instance, aux mots très durs à l'encontre du docteur Canarelli qui a assuré le suivi du meurtrier entre 2000 et 2004.
"J'ai plutôt l'impression que l'on a fait un mille feuille de toute la prise en charge, que l'on a rassemblé des petits morceaux les uns après les autres et qu'on essaye de construire avec eux un fonctionnement très fautif de ma part", estime la praticienne. "Il est quand même étrange que l'on me reproche de ne pas avoir une fonction quasi-carcérale ou policière avec ce patient et qu'en revanche les forces de police qui étaient censées le rattraper ne soient pas concernées par cette affaire", poursuit-elle. Vingt jours après une fugue de l'hôpital qui le suivait, Joël Gaillard, patient de Danièle Canarelli de 2000 à 2004, tuait à coups de hachette, le 9 mars 2004 à Gap (Hautes-Alpes), le compagnon octogénaire de sa grand-mère, Germain Trabuc. Le "point d'orgue d'un parcours médical marqué d'une succession d'échecs", soulignait le jugement, aux mots très durs à l'encontre du docteur Canarelli.
"C'est un enjeu de société". "Chacun a sa part de responsabilité. J'ai travaillé en conscience, certes avec mes faiblesses et mes difficultés", estime la psychiatre. "Mais si l'on fait payer cela à la psychiatrie, il va y avoir de gros problèmes pour la prise en charge des patients à venir. Les psychiatres vont être amenés à être dans une positon de protection d'eux-mêmes ou de leur fonction, alors qu'on est là pour être dans une protection des patients", ajoute-t-elle. "Cela risque d'enlever l'envie à certains de devenir psychiatre. C'est un enjeu de société. Si elle attend de ses psychiatres qu'ils aient une fonction sécuritaire, ce n'est pas la même chose que si elle attend qu'ils aient une fonction soignante", conclut Danièle Canarelli.
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