>> L'info. Alors que François Hollande souhaitait, pendant la campagne présidentielle, que 30 % des tout-petits soient scolarisés d'ici à 2015, le constat est là : moins d'un enfant de moins de trois ans sur huit est aujourd'hui scolarisé en maternelle, et la proportion ne cesse de diminuer. Afin d'inverser la tendance, le ministère de l’Éducation nationale publie mardi une circulaire sur la scolarisation des plus jeunes.
• Un atout pour l'enfant. Tout le monde s'accorde pourtant à vanter les bienfaits d'une scolarisation précoce. "Passé deux ans, la plupart des enfants ont des besoins autres que la crèche", note ainsi Hubert Jeambenoit, directeur de l'école de Firmi, dans l'Aveyron, où une classe a été spécialement créée pour ces tout-petits. Un avis également partagé par Agnès Florin, professeur de psychologie de l'enfant à l'université de Nantes : "Dans les milieux défavorisés, on voit un gain dans le développement du langage et de la communication orale dont on sait qu'elle aura un impact sur l'apprentissage de la lecture et de l'écriture", avance-t-elle au micro d'Europe1.
• Des questions pratiques à régler. Si tout le monde est d'accord, qu'est-ce qui coince ? Pour l’Éducation nationale, le problème est avant tout pratique. Depuis quelques années en effet, les fermetures de classes s'enchaînent. Conséquence, les directeurs d'école n'ont plus les moyens d'accueillir tous les enfants, et donnent la priorité aux enfants âgés de trois ans au moment de l'inscription. Pour le pédopsychiatre Marcel Rufo c'est "intéressant". Mais attention : "il faudrait des classes de huit, avec deux personnes pour encadrer. Pas des classes de vingt-cinq." "Et qui va les accueillir ?", s'interroge-t-il au micro d'Europe1. "Est-ce que le personnel sera suffisamment formé? Est-ce que cela se fera en lien avec des orthophonistes, des psychomotriciens, des éducateurs spécialisés. Un enfant en difficulté peut mettre en difficulté les personnes qui l'encadrent", explique-t-il, évoquant les enfants qui peinent à apprendre ou à se détacher de leurs parents.
• Mise en place dès la rentrée 2013. C'est à cette logique le gouvernement entend mettre un terme. Il préconise ainsi de donner la priorité avant tout aux enfants issus de milieux défavorisés, où le niveau d'éducation est généralement plus faible et ou les plus jeunes pourraient profiter à plein d'une entrée précoce à l'école. Selon la circulaire, les écoles pourraient choisir soit de créer des classes spécifiques, soit de mélanger les moins de trois ans avec leurs camarades plus âgés. Quoi qu'il en soit, la mise en place devra se faire rapidement : le ministère de l’Éducation nationale souhaite que cette circulaire soit appliquée dès la rentrée 2013.