Le printemps 2011 était déjà historiquement sec. En 2012, la France doit de nouveau faire face à manque d'eau en raison de pluies largement déficitaires cet hiver. Conséquence : les sols affichent un taux d'humidité comparable à une fin avril voire, dans le sud du pays, à un mois de mai normal.
Dans l'Hexagone, le déficit de pluies constaté depuis septembre, début de la période de "recharge" des nappes souterraines, se prolonge en mars, après un mois de février déjà "extrêmement sec", selon Météo France. Depuis le début du mois, il est tombé environ moitié moins d'eau (30 mm sur les 25 premiers jours en moyenne) qu'un mois de mars normal (69 mm), indique Michèle Blanchard, ingénieur climatologue à Météo France. Ce nouveau mois sec intervient alors qu'au 1er mars, la France accusait déjà un déficit pluviométrique global de 20% entre septembre et fin février.
Les températures, assez nettement au-dessus des normales favorisant l'évaporation, expliquent également cette sécheresse. Depuis la fin de semaine dernière, le thermomètre affiche ainsi régulièrement 5°c de plus que les normales (13,5°c en moyenne contre 8,8°c habituellement) pour la température moyenne jusqu'à 8°C de plus pour les températures maximales.
"Plus tôt que l'année dernière"
Marqueur le plus pertinent pour la sécheresse, l'indice d'humidité des sols est toujours très bas : "pour le Midi-Pyrénées et le Languedoc, on a des sols avec une humidité comparable à celle d'un mois de mai et ailleurs en France comparable à une fin avril", constate Michèle Blanchard. "
Sur certaines régions, on peut déjà parler de sécheresse", confirme Cyrille Duchesne, prévisionniste pour le bureau d'études météorologiques Météo Consult. "A l'échelle de la France, cette sécheresse est encore assez limitée", précise-t-il, mais l'épisode "débute encore plus tôt que l'année dernière", marquée par le printemps qui avait été le plus chaud depuis 1900 et le plus sec des cinquante dernières années. Pour autant, il est encore "trop tôt" pour dire si le phénomène sera aussi important cette année, prévient le prévisionniste.
Reste que les signaux sont aussi alarmants du côté des nappes d'eau souterraines avec 80% d'entre elles affichant un niveau "inférieur à la normale", selon le dernier relevé du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, avait indiqué la semaine dernière qu'un comité de suivi sera réunira le 12 avril pour faire un point complet.
"Ça va être catastrophique"
Les agriculteurs mais également les éleveurs bovins sont inquiets. Les sources d'eau qui leur permettent d'abreuver ces bêtes jusqu'à la fin du mois d'août sont déjà quasiment à sec. "Jamais on avait vu, à une période aussi prématurée, une source avec si peu de débit", a expliqué à Europe 1, Serge Julien, éleveur bovin à Margeride en Corrèze. Conséquence : il va devoir acheter plusieurs milliers de litres d'eau pour son troupeau.
La sécheresse de l'an passé lui avait déjà coûté près de 12.000 euros et cet éleveur craint de devoir à nouveau mettre la main à la poche. "Je suis très inquiet. Au point de vue trésorerie, on est très mal", a-t-il déploré, avant d'ajouter : "une sécheresse, on arrive à mettre le mouchoir dessus mais une deuxième, ça va être catastrophique pour tout le monde".