Alors que Manuel Valls est en passe de prendre ses fonctions de Premier ministre, Europe 1 dresse le bilan de son passage place Beauvau. Durant deux ans, "le premier flic de France" a jonglé entre fermeté et empathie envers les forces de l'ordre. Une posture appréciée par les syndicats de policiers qui saluent son bilan.
Une première tournée évocatrice. Pour bien comprendre la stratégie de Manuel Valls, il faut remonter à son premier déplacement en tant que ministre de l'Intérieur, le 17 mai 2012. Ce jour là, le premier flic de France réalise sa première "tournée". Il rend d'abord visite aux gendarmes en Seine-et-Marne, puis se rend dans une caserne de pompiers et enfin dans un commissariat, à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis. A cette époque, les policiers sont très remontés. Un de leurs collègues a abattu un malfaiteur et les policiers demandent le droit à la "présomption de légitime défense". Ce soir là, Manuel Valls se montre ferme et leur dit "non". Il marque son territoire, tout en disant qu'il comprend l'émotion des policiers.
Fermeté et empathie. Et c'est sur ce double terrain qu'il a fonctionné pendant deux ans. Un soupçon d'empathie envers les forces de l'ordre : il prône par exemple la fin de la politique du chiffre et refuse la distribution d'un récépissé à chaque contrôle d'identité. Mais aussi un brin de fermeté : il impose notamment le matricule sur les uniformes.
La mise en place du matricule contestée. Ces deux traits de caractère sont accueillis de façon mitigée par les syndicats de policiers. Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance police national apprécie son autorité mais déplore la mise en place du matricule. "Il est vrai que sur l'autorité il est apprécié. Et nous l’apprécions pour sa personnalité. Il n'en reste pas moins qu'il y a eu la mise en place de cette plateforme de dénonciation, la mise en place du matricule pour les policiers et la mise en place d'un recul pour le pouvoir d'achat des policiers", note le syndicaliste classé à droite au micro d'Europe 1.
L’augmentationdes effectifs saluée. Nicolas Comte, secrétaire général adjoint d'Unité SGP-Police, retient, lui, le positif, à savoir l'augmentation des effectifs. "Avec Manuel Valls, on a eu aussi l'arrêt de la diminution des effectifs dans la police nationale. Même si, aujourd'hui, il faudrait les augmenter encore plus. C'est quand même un ministre qui aura marqué positivement l'intérieur de son passage", commente le syndicaliste classé à gauche. Manuel Valls reste en effet le ministre qui a mis fin à la baisse des effectifs de police et de gendarmerie, avec 400 à 500 recrutements par an.
Le succès des ZSP. Son principal chantier reste la lutte contre la délinquance et l'insécurité. On retiendra notamment la création des ZSP, les zones de sécurité prioritaires. Une centaine ont été créées et la place Beauvau se félicite de ce dispositif qui a permis une baisse de la délinquance dans ces zones sensibles. Autre indicateur marquant : les cambriolages. Pendant de longs mois, Manuel Valls n'a pas su enrayer leur hausse, mais la situation s'est stabilisée ces dernier temps et commence à s'améliorer dans les zones rurales.
Hyperactif comme un certain... Au quotidien, hyperactif, toujours à la recherche d'un déplacement sur le terrain, Manuel Valls s'est régulièrement rendu à Marseille et en Corse, notamment pour des règlements de compte et de la grande criminalité. Au total, il a effectué une douzaine de visites dans le Sud-Est. Il assume pleinement son statut de "premier flic de France" et va même jusqu'à le revendique, d'où la comparaison avec Nicolas Sarkozy.
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