Jusqu’ici, les entreprises épinglées pour entente étaient plutôt des opérateurs de téléphonie mobile, des groupes de travaux publics ou, plus récemment, des fabricants de lessive. Mardi, ce sont des producteurs d’endives qui ont été condamné par l’Autorité de la concurrence à une amende de 3,6 millions d’euros. Pendant 14 ans, dix organisations de producteurs du Nord-Pas de Calais, de Picardie et de Bretagne se sont mis d’accord, illégalement, sur un prix minimum de vente du quatrième légume le plus vendu en France.
Egalement mis en cause, des associations et des syndicats agricoles ont été quant à eux condamnés à 320.000 euros d’amende. Au terme d’une longue enquête, le gendarme de la concurrence a découvert que les producteurs utilisaient plusieurs leviers pour contrôler les prix du chicon.
Un outil informatique détourné
De nombreux éléments montrent "la variété des mécanismes mis en place pour faire tenir l’entente, coordonner les offres promotionnelles, communiquer chaque semaine un cours minimum à respecter", a décrypté sur Europe 1 Bruno Lasserre, président de l’Autorité de la concurrence, mentionnant aussi des "destructions obligatoires dans le cas où le cours de l’endive descendait en-dessous du prix convenu".
Un outil informatique destiné à fournir des indications sur les prix a même été détourné de son objectif "pour en réalité servir d’instrument de surveillance des prix individuels, de manière à signaler les producteurs qui ne respectaient pas les prix minimum et les menacer de sanctions dans ce cas".
Pour les producteurs, cette amende est cependant "dure à digérer", s'est indignée sur Europe 1 Angélique Delahaye, présidente de la fédération des producteurs de légume. Pour elle, cette condamnation est "terriblement injuste, inacceptable et limite scandaleu[se]". S'il y avait eu entente, "on aurait retrouvé dans tous les magasins l'endive au même prix, cela n'a jamais été le cas".
Des amendes limitées
Si les faits sont, selon l’organe anti-cartel, d’une "gravité indéniable", le montant des amendes a toutefois été volontairement limité. Pour les consommateurs, l’impact de cette entente a en effet été plutôt restreint, car la grande distribution a de toute façon fait pression, pendant toute la période, pour une baisse des prix.
Et l’Autorité de la concurrence a aussi tenu compte de la situation difficile des producteurs d’endives, jugeant qu’il n’était pas nécessaire de leur asséner un coup de massue sur la tête.