Le coaching s’empare de tout, même de l'école

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et Fabien Cazeaux , modifié à
ORIENTATION SCOLAIRE - Les élèves qui en ont les moyens délaissent les conseillers en orientation pour se tourner vers des "coachs" privés.

Le contexte. Les lycéens avaient jusqu’à ce jeudi pour formuler leurs souhaits d’orientation pour leur scolarité post-bac, le tout via le logiciel Admissions Post Bac (APB). Une période de stress à laquelle les élèves sont censés avoir été préparés, notamment par les conseillers d’orientation. Sauf que ces derniers, qui ont déjà mauvaise presse, voient apparaitre une nouvelle concurrence : les coachs d’orientation, qui offrent leurs services de "consultant" contre monnaie sonnante et trébuchante. Leur promesse ? Définir le profil des lycéens pour mieux les aider à définir leur avenir scolaire et, pourquoi pas, professionnel.
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Des coachs privés qui répondent à une pénurie. Ces conseillers personnels répondent à deux défis : la grande attente et l’angoisse des parents pour l’avenir de leur progéniture, mais aussi la raréfaction des conseilleurs d’orientation, dont le nombre ne cesse de reculer. Résultat, comme en témoignait un conseiller anonyme dans les colonnes du site Rue 89, chacun se retrouve à gérer entre 1.200 et 1.600 élèves. Chaque lycéen a donc droit en moyenne à pas plus de 15 minutes d’entretien. Un temps très limité donc et qui va en se réduisant puisque l’Etat recrute de moins en moins de conseillers d’orientation. Sentant le filon, le secteur privé a déjà commencé à prendre le relais.

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Questionnaire de personnalité et entretiens individuels. Ces coachs d’orientation ont tous un recette plus ou moins inspirée des grandes méthodes de management. Qu’il s’agisse de la formule "Savoir, Vouloir, Pouvoir" ou d’un programme "sur mesure", la méthode est souvent la même : des questionnaires et des entretiens individuels doivent permettre de cerner la personnalité, les compétences et les aspirations de l’élève. Avant de voir avec lui quelle formation lui conviendrait le mieux. "Avec la coach, nous avons ainsi cerné de plus près ma personnalité, puis sélectionné une série de métiers que j'aimais ou non, pour aboutir à 3 métiers que j'aime", témoigne ainsi Katy M., lycéenne en terminale, sur le site de Vivacio, l’un des principaux spécialistes du secteur.

"L’idée était de ne pas attendre le dernier moment". Plus surprenant, certains collégiens s’y mettent aussi, ou plutôt leurs parents. C’est notamment le cas d’Anne Brémont, cadre en entreprise, qui n’a pas hésité à débourser 400 euros pour sa fille Justine, qui n’est qu’en classe de troisième. "L’idée était de ne pas attendre le dernier moment et de pouvoir faire un travail préparatoire trois ans en avance. Même si d’aucuns pourraient penser que c’est trop en avance, on n’est pas dans le stress de se dire ‘oulala, oulala, il faut remplir APB et on ne sait toujours pas dans quel ordre on va mettre les écoles’", témoigne-t-elle pour Europe 1.

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Une coûteuse alternative. Lorsqu’on lui demande si elle ne trouve pas cette somme un peu excessive, la mère de famille rappelle que "c’est un travail de consultant, ça se paye". Sans oublier "qu’on a toujours tendance à ne pas compter quand il s’agit de ses enfants". Comptez néanmoins en moyenne 500 euros pour un programme d’environ trois à cinq séance. Mais dans le détail, les tarifs vont de 300 à 1.500 euros l’accompagnement, selon un décompte du Journal du Dimanche.

Mais un business florissant. Malgré ces tarifs, et l’offre gratuite qu’est censée proposer l’Onisep, le coaching d’orientation se porte bien. "J’ai une croissance de 30 à 40% des demandes chaque année, c’est énorme", témoigne Annie Daburon, 25 ans de carrière dans le marketing avant de devenir coach. Elle travaille le plus souvent chez elle, à Saint-Maur-des-Fossés, ou se rend au domicile de la quarantaine d’élèves qu’elle accompagne.

Quant à la facture, Annie Daburon rappelle que "des choix d’orientation malheureux, cela a un coût. Les parents y réfléchissent donc, sans oublier qu’il y a parfois aussi l’adolescence qui complexifie les discussions dans une famille. Dans ce cas-là, ils ont besoin d’avoir une personne tiers pour pouvoir les aider". 

Un point de vue pas vraiment partagé par les conseillers d'orientation des établissements publics. Ce que rappelle de manière abrupte l’un d’eux, Catherine Remermier, dans les colonnes du JDD : "n'importe qui peut s'improviser coach, il n'y a pas de diplôme exigé, ce ne sont pas des psychologues, ils n'ont pas d'autre intérêt que commercial!"

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