Le chiffre. Le diesel fait-il vraiment plus de 40.000 morts chaque année? Ce chiffre, qui dépasse le nombre de morts tués sur les routes, est répété à tout va par les opposants à ce carburant, y compris même au sein du gouvernement. La ministre de l'Energie, Delphine Batho, parle régulièrement de 42.000 morts par an. Et la ministre du Logement, Cécile Dufot, est même allée jusqu'à évoquer 44.000 décès, dimanche sur France Inter. "Il y a un réel danger, 44.000 morts précoces par an, c'est ça qui est la réalité", a asséné la ministre écologiste.
Les doutes. "Ce chiffre me paraît excessif", a pour sa part fait savoir lundi sur Europe 1 Jean-Louis Schilansky, le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), pourtant opposé à une trop grande consommation de diesel. D'autant que les "nouvelles voitures diesel éliminent quasiment toutes les particules" fines nocives, a-t-il défendu, reprenant ainsi un argument déjà formulé par Arnaud Montebourg, ce weekend sur Europe1. Contrairement à Delphine Batho et Cécile Duflot, ce dernier est ainsi opposé à une hausse de la fiscalité sur le carburant controversé.
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Alors, dangereux ou pas le diesel? Les moteurs diesels émettent bien des particules fines nocives, responsables de cancers, auxquelles il faut ajouter un gaz, le dioxyde d'azote, responsable de maladies respiratoires et cardio-vasculaires. Le diesel a même été classé en juin comme "cancérogène certain" par le Circ, l'agence pour le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En plus du cancer du poumon, le Circ a prouvé que les gaz d'échappement engendrent également un risque de cancer de la vessie.
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Mais 42.000 morts, c'est vrai ? Si le risque est avéré, le chiffre de 40.000 est à prendre avec beaucoup de précaution. Apparu dans un rapport de l'OMS, il n'est pas un bilan officiel de l’Assurance-maladie, qui n'a jamais encore décompté les morts dus à la pollution en France. De plus, c'est une statistique issue d'une étude menée sur toute l'Europe. Il n'est donc pas insignifiant et témoigne bien de la mortalité des particules fines, mais il faut donc le nuancer.
Là où les opposants vont trop loin, c'est lorsqu'ils affirment que le diesel est responsable des 40.000 décès, là où l'étude de l'OMS évoque les particules fines en général. Or, il n’y a pas que les voitures diesel qui crachent des particules : un tiers des émissions est dû au chauffage au bois, un deuxième est dû aux fumées des usines et les transports ne représentent que 14% des émissions, selon le ministère de l’Ecologie.
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