Le docteur Eric Kariger, chef du service de soins palliatifs à Reims où est hospitalisé Vincent Lambert, quitte ses fonctions vendredi. Depuis des années, il vit au rythme des recours judiciaires autour de son patient, en état de conscience minimale depuis un accident de moto en 2008. Alors qu'il a décidé de tirer sa révérence, le cas de Vincent Lambert n'est toujours pas réglé. Sa famille se déchire pour savoir s'il faut le laisser vivre. Le 24 juin, l'arrêt des soins de son patient, autorisé par le Conseil d'Etat, a été suspendu par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) saisie par les parents de Vincent Lambert.
>>> Le chef du service de soins palliatifs à Reims revient sur les raisons de son départ et le feuilleton judiciaire qui a entouré le cas de Vincent Lambert ces derniers mois.
"J'ai été salué Vincent hier soir". Jeudi soir, le docteur Eric Kariger était au chevet de son patient. "Les nouvelles que j'ai de Vincent Lambert sont fraîches. J'ai été le saluer pour la dernière fois hier soir, puisque j'ai terminé mon service journalier", a-t-il confié vendredi sur Europe 1.
"J'ai été amené à beaucoup m'exposer". Le chef du service de soins palliatifs à Reims est revenu sur le feuilleton judiciaire qui a entouré le cas de Vincent Lambert ces derniers mois. "Dans cette situation, j'ai été amené à beaucoup m'exposer, probablement beaucoup trop, je ne reviendrai pas sur les raisons, par pudeur et par professionnalisme". Mais à un moment, j'ai franchi mes limites", a expliqué le médecin.
"J'ai pris beaucoup de coups". "L'épreuve de trop, cela a été au printemps entre le premier arrêt du Conseil d'Etat de janvier qui nous était très favorable - nous, au sens de la responsabilité médicale - et le mois de juin où je me suis retrouvé à avoir de vilaines pensées. Je me suis dit que ça allait trop loin. J'ai eu beaucoup de menaces anonymes", a indiqué le docteur Kariger. "J'ai pris beaucoup de coups, j'avais prétentieusement la force de penser que ça ne me fragilisait pas (…) Je suis allé jusqu'à mes limites, voire au-delà. Je ne regrette rien : ce combat de respecter un patient, en faveur d'une certaine médecine qui ne s'obstine pas, je ne regrette pas de l'avoir conduit mais je crois que ça ne méritait pas que j'y laisse ma peau", a encore confié le chef du service de soins palliatifs à Reims, qui était prêt avec son équipe à accompagner Vincent Lambert jusqu'au bout.
"Trouver la paix". A-t-il un mot à dire aux parents de Vincent Lambert ? "Aujourd'hui, j'espère qu'ils pourront tous trouver la paix, et que Vincent Lambert pourra un jour trouver la paix qu'il aurait demandé s'il avait pu s'exprimer".