Une figure du photojournalisme s’est éteinte. Göksin Sipahioglu, décédé mercredi à l’âge de 84 ans, avait fondé en 1973 l’agence Sipa Press, l’une des trois grandes agences françaises de photojournalisme avec Gamma et Sygma. Dans les années 70, ces trois agences en "a" ont fait de Paris la capitale du photojournalisme.
"C’était l’un des derniers seigneurs du métier, ce mec a découvert tellement de photographes qui lui doivent leur carrière, il a aidé tellement de jeunes à qui il a donné leur première chance", a réagi Jean-François Leroy, directeur du festival Visa pour l’image.
Connu pour ses scoops
Göksin Sipahioglu, né en 1926 à Izmir, a été longtemps correspondant pour le quotidien turc Hürriyet. Il est connu pour avoir réalisé plusieurs scoops, notamment en Israël au début de sa carrière. En 1962, il avait réussi à entrer à Cuba en pleine crise des missiles, utilisant un passeport de matelot pour monter à bord d'un cargo turc acheminant du blé. Le photographe a parcouru le monde dans les années 60, se rendant en Algérie, au Vietnam ou encore en République tchèque.
Arrivé à Paris, il a décidé en 1973 de fonder l’agence Sipa, qu’il dirigera pendant 30 ans. "J’ai vite compris que je possédais un avantage sur les autres agences parce que j’écrivais et que je photographiais", avait-il expliqué à la revue Médias. Le succès de l’agence, phénoménal, avait finalement souffert de la concurrence des grosses agences d’informations comme Reuters ou l’AFP, qui ont lancé leurs services photo.
En 2001, son agence connaît le même sort que Gamma et Sygma, les deux autres grandes agences françaises, et il doit se résoudre à la vendre à Sud Communication, le groupe de médias de l’industriel Pierre Fabre. En juillet 2011, Sipa a finalement été rachetée par l’agence allemande DAPD.