Dans moins de vingt-quatre heures, les francs ne seront plus qu'un lointain souvenir. Vous n'avez plus que vendredi pour échanger à la Banque de France les derniers billets en francs encore convertibles en euros, après quoi leur commerce sera réservé aux collectionneurs.
Au guichet des succursales de la Banque de France, les Pierre et Marie Curie (500 francs) Gustave Eiffel (200 francs), Cézanne (100 francs), Saint-Exupéry (50 francs) et Debussy (20 francs) rapporteront de 3 à 130 euros environ.
Ensuite, la valeur de la presque totalité d'entre eux deviendra quasiment nulle, hormis pour une poignée de spécimens (numéro de série très bas par exemple ou défaut apparent) qui conserveront un intérêt pour les numismates.
Combien de billets encore en circulation ?
Interrogée cette semaine, la Banque de France ne disposait d'aucun chiffre actualisé concernant les billets encore en circulation de ces cinq dernières séries. Fin 2010, 50 millions de ces billets échangeables, pour une valeur en euros de 602 millions, étaient encore en circulation, selon l'institution.
Tous les billets des séries concernées sont repris à l'échange quel que soit leur état, pourvu que la moitié du papier au moins soit présentée.
Une fois récupérés, ils seront broyés et compactés, puis brûlés, précise la Banque de France. Le nombre des billets qui seront échangés est tout sauf anodin pour le gouvernement, qui compte sur un faible retour pour arrondir son budget 2012 d'environ 500 millions d'euros, selon des documents budgétaires.
L'Etat peut gagner gros
Chaque billet étant considéré comme une créance sur la Banque de France et donc sur l'Etat (l'Etat doit 100 francs a un détenteur d'un billet de cette valeur), la dette correspondant à la valeur des billets non échangés sera effacée après la date limite d'échange. La valeur du total des billets non échangés pourra alors alimenter le budget de l'Etat.
Dans son budget 2012, l'Etat table sur un retour de l'ordre de 20% (de la valeur des billets), qui lui permettrait de mettre la main sur 500 millions d'euros.
Bientôt la Finlande, jamais l'Allemagne
La France deviendra vendredi le deuxième pays seulement de la zone euro à ne plus assurer la convertibilité de ses pièces et billets libellés dans son ancienne monnaie, après l'Italie, qui n'a franchi le pas qu'en décembre dernier. Viendra ensuite le tour de la Finlande, le 29 février, puis celui de la Grèce, dont la banque centrale accepte encore des billets en drachmes jusqu'au 1er mars.
Une échéance que ne connaîtront pas neuf pays de la zone monétaire, qui ont fait le choix d'offrir l'échange sans limite de temps. Une liasse de deutschemarks, de pesete ou de francs belges trouvera donc toujours preneur.