Abdelkader Merah a-t-il aidé son frère Mohamed, dans la préparation des tueries de Toulouse et Montauban perpétrées en mars 2012 ? C'est ce sur quoi enquêtent les juges d'instruction chargés de l'affaire Merah. Le frère aîné du "tueur au scooter" a été entendu lundi après-midi sur son rôle présumé dans l'aide logistique à la préparation des tueries de Mohamed Merah et sur son influence dans la radicalisation de son frère.
Avec un nouvel élément important dans ce dossier : le caractère antisémite des assassinats de Mohamed Merah a été retenu par la justice. Le parquet avait fait un réquisitoire supplétif en ce sens mais c'était peu après la mise en examen initiale d'Abdelkader Meraj. Le juge antiterroriste lui a donc signifié mardi qu’il était désormais mis en examen pour complicité de crimes aggravés.
Présent lors du vol du scooter
Abdelkader, 29 ans, n'avait pas été entendu par les juges depuis sa mise en examen fin mars. A l'époque, il avait été poursuivi pour complicité d'assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme et pour vol en réunion d'un scooter. Abdelkader Merah "conteste totalement la complicité d'assassinats, qui ne repose sur aucun élément objectif", a dit son avocat, Me Eric Dupond-Moretti.
Il a toutefois reconnu, lors de sa garde à vue, avoir été présent le 6 mars lors du vol du puissant scooter dont s'est servi Mohamed Merah. Il a également reconnu avoir assisté à l'achat du blouson porté par son frère au moment des tueries. Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir encore acquis le casque du tueur au scooter. En garde à vue, il a assuré que ces équipements étaient destinés à sa femme, mais les enquêteurs n'en sont pas du tout convaincus.
Responsable de la radicalisation de son frère ?
La récente déclassification de documents de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a montré par ailleurs que les deux hommes avaient fait l'objet d'une surveillance suivie. Abdelkader a en effet été répertorié dès 2007 comme membre de la mouvance islamiste radicale, son jeune frère l'étant deux ans après. Il a même reconnu devant les enquêteurs avoir été au courant des déplacements de son cadet en Afghanistan et au Pakistan fin 2010.
Le frère aîné a aussi expliqué qu'il avait renoué le dialogue avec Mohamed un mois avant les tueries : "Deux ou trois jours après notre réconciliation, il m'a reparlé du jihad, lui voulait bouger rapidement, trouver un filon rapidement ou faire des coups en France ou à l'étranger", a rapporté Me Dupond-Moretti. De son côté, l'aîné de la famille Merah, Abdelghani, a accusé Abdelkader d'être à l'origine de la radicalisation de Mohamed.
"J'affirme qu'il n'y a pas d'indice"
L'avocat d'Abdelkader Merah est, lui, d'une toute autre opinion et a déclaré qu'il allait demander la libération de son client. "J'affirme qu'il n'y a pas d'indice pour dire que ce garçon, en toute connaissance de cause, a aidé son frère", a souligné Me Dupond-Moretti.
Et ce dernier d'ajouter : "j'envisage de déposer une demande de mise en liberté après que les dernières investigations techniques seront rentrées car à l'évidence il n'y a pas suffisamment d'éléments pour considérer sa participation dans le cadre d'une complicité d'assassinat".