Cinq mois après le début de la contestation, les députés débattent ce mardi de l'interdiction de l'exploration et de l'exploitation des gaz et huiles de schiste par la méthode décriée de la fracturation hydraulique mais les écologistes ne relâchent pas la pression. Le point sur un dossier explosif.
Tous les partis politiques s'y opposent
Quelle est la position du gouvernement ? "Il n'est pas question de sacrifier notre environnement, mais il n'est pas question non plus de fermer la porte à des progrès technologiques qui permettraient demain d'accéder à de nouvelles ressources énergétiques", a argumenté, en avril dernier, François Fillon indiquant que la France ne fermera pas la porte à la recherche scientifique dans ce secteur. Les députés examineront le 10 mai prochain plusieurs textes visant à interdire l'exploitation des gaz de schiste en France et abroger les permis déjà accordés.
Qui est pour ? Personne. De l’UMP au PS, en passant par les centristes, en France, la quasi-totalité de la classe politique s’oppose à l’exploitation du gaz de schiste. Les Verts sont ses plus farouches opposants.
Le point d'achoppement ? La dernière mouture du texte mécontente les écologistes sur la question de l'abrogation des permis déjà octroyés dans le sud de la France et le bassin parisien. La version initiale prévoyait en effet une abrogation pure et simple alors que désormais, les titulaires des permis auront deux mois pour déclarer la technique utilisée. C'est seulement s'ils recourent à la fracturation hydraulique ou s'ils ne répondent pas que les permis sont automatiquement abrogés. Du coup, ce texte au départ très consensuel ne devrait pas recueillir les voix de la gauche.
Quels avantages pour quels inconvénients ?
Où en est l'exploitation ? Quelque 6.000 forages ont été effectués en France dont 3.800 se trouvent dans le Bassin de Paris soit environ 1.500 forages d'exploration, qui ont découvert quelques 55 champs de pétrole et un champ de gaz au cours des années 50. Total, GDF-Suez, Schuepbach Energy, Toreador, Vermillion aimeraient commencer l’extraction au plus vite.
Quels risques pour l'environnement ? Pour extraire le gaz de schiste de la roche est utilisée la méthode dite de "la fracturation hydraulique" : de l’eau additionnée de produits chimiques est injectée dans la roche pour la fissurer. Problème : les produits injectés sont extrêmement polluants et font craindre une contamination des nappes phréatiques, ayant des conséquences sanitaires lourdes (cancers…). L'Association des foreurs d'huile et gaz de schiste, eux, s’efforcent de minimiser les accusations de pollution des sous-sols, en affirmant que ces substances ne représentent que 0,5% du volume injecté pour l'extraction. Reste qu’aux Etats-Unis où des milliers de puits ont été creusés sans prendre la moindre précaution, les conséquences écologiques sont désormais désastreuses dans certaines régions. Les agriculteurs dénoncent des eaux inflammables.
Les forages permettent à chaque fois de récupérer qu’une petite quantité de gaz. Une fois, l’extraction terminée, il faut donc forer, percer la roche ailleurs, ce qui détruite le paysage et les milieux naturels.
Quels sont les avantages ? Alors que la facture énergétique des Français s’alourdit, le gaz schiste a l’avantage d’être moins cher que le gaz naturel classique et d’être présent en très large quantité en France.