La consommation régulière de produits laitiers, encouragée par les autorités, ne favorise pas le cancer et aurait même dans certains cas un effet protecteur, mais elle augmenterait légèrement le risque de cancer de la prostate, selon des spécialistes réunis jeudi à Paris. "Si on s'en tient aux quantités recommandées, le risque est moindre d'avoir un cancer colorectal ou un cancer de la vessie, neutre pour ce qui est du cancer du sein et légèrement augmenté pour le cancer la prostate, en particulier pour ceux qui dépassent ces quantités", résume le Dr Marie-Christine Boutron-Ruault, directrice de recherche à l'unité Inserm "Nutrition, hormones et santé des femmes" à l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif, dans le Val-de-Marne.
Les recommandations dépendent de l'âge, mais il est généralement conseillé pour un adulte de consommer 2 à 3 doses de produits laitiers par jour (une dose équivalant grossièrement à un yaourt, un verre de lait ou 30 g de fromage). Si les bienfaits des produits laitiers sont généralement bien connus, ils suscitent également des craintes quant à leurs possibles effets cancérigènes qui ont été passées en revue par les participants au colloque "Nutrition et cancer".
Selon le Dr Teresa Norat, une épidémiologiste de l'Imperial College de Londres qui a étudié les études parues sur le sujet, il existe "des indices d'une augmentation du risque de cancer de la prostate liée à la consommation de produits laitiers". L'augmentation du risque de cancer de la prostate reste toutefois très faible (de l'ordre de 12%), si on le compare avec d'autres facteurs de risques connus et contre lesquels on ne peut rien faire, comme l'âge (plus de 40 ans), les antécédents familiaux (qui multiplient le risque par 2) ou encore l'origine ethnique (les Afro-américains étant plus fortement touchés que les Asiatiques par exemple). Le risque concerne principalement ceux qui consomment le plus de produits laitiers et dépend du produit consommé, le yaourt étant celui qui présente le risque le plus faible, précise le Dr Norat qui reconnait toutefois que les mécanismes en cause sont encore loin d'être élucidés.