L’ennui les guette sans cesse. S’occuper et se former pendant l’exécution de leur peine est primordial pour les détenus. Mais l’accès aux cours et aux activités ne semble pas être le même pour tous. C’est ce que dénonce le dernier rapport de Jean-Marie Delarue, nommé en juin 2008 pour exercer un contrôle indépendant. Les offres d’activités restent trop souvent réservées à des "favorisés", observe-t-il.
"On se retrouve souvent avec les mêmes personnes"
"C’est vrai qu’on se retrouve souvent avec les mêmes personnes. Certains détenus suivent deux ou trois activités, alors que d’autres ne participent à aucune", explique Chirine Heydari, à Europe1.fr, présidente de l’association Genepi qui regroupe des étudiants bénévoles pour assurer du soutien scolaire en prison. Des détenus qui sont sélectionnés par l’administration de l’établissement.
Pourtant, pour ces personnes incarcérées suivre une formation est ce qui les fait tenir. "C’est la meilleure façon, en ce qui me concerne, pour faire passer le temps, ce temps infini", témoignait Thierry, incarcéré à Poissy, sur le blog d’un autre détenu, dans une interview publiée en 2007. Thierry, condamné à une peine de longue durée, a suivi en 2002 un cursus universitaire au sein de la section des "étudiants empêchés" de l’université Paris 7. La seule université en France à proposer une telle formation. "Après beaucoup de travail, de ténacité, de persévérance, j’ai réussi et validé ma première année de licence", confiait le détenu.
Un problème de langue et de langage
Mais il existe d’autres obstacles sur le chemin qui mène à la formation. Les démarches d’inscription qui en effraient plus d’un. "Les informations sur les activités et les formations sont données par écrit. Même chose pour les demandes d’inscription. Or, 15% des détenus ont des problèmes avec l’écrit", regrette la présidente de Genepi. "Et puis, certains détenus ne parlent pas français. Ils ne peuvent donc pas accéder à l’information", ajoute la jeune femme.
Pourtant une loi, votée en novembre 2009, prévoit que "toute personne condamnée est tenue d'exercer au moins une des activités" proposées, dès lors qu'elle a "pour finalité la réinsertion" et lui est adaptée. Une règle qui n’est pas appliquée. "Cette obligation d’activité n’est pas encore active. La loi a été votée, mais les décrets ne sont pas encore signé", explique Chirine Heydari, qui regrette que le texte ne prévoit pas plutôt l’obligation pour l’administration pénitentiaire de proposer des activités.
Tout sauf l’humain
Dans son rapport, qui comprend une série de recommandations, Jean-Marie Delarue a dénoncé les conditions de vie "indignes" à la maison d'arrêt de Mulhouse. Il s’est également dit "très pessimiste" sur les nouvelles prisons, dont la conception est selon lui de nature à favoriser une hausse de l'agressivité et de la violence. "On a tout sacrifié à la sécurité dans ces prisons, on a oublié le reste", et notamment "les nécessaires relations humaines qui doivent exister", a-t-il estimé.
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