Nicolas Buss va-t-il retourner en prison ? L'opposant au mariage gay, condamné à quatre mois de prison dont deux ferme mi-juin, notamment pour rébellion, et incarcéré depuis, est de retour devant le tribunal mardi. La cour d'appel de Paris doit en effet rejuger l'étudiant qui avait fait l'objet d'un mandat de dépôt après sa condamnation. Une incarcération qui avait suscité de vives réactions dans les rangs des anti-mariage pour tous. En soutien, des manifestants se relaient depuis deux semaines, jour et nuit, devant le ministère de la Justice de Paris. Europe 1 est allé à leur rencontre.
"Assez espacés pour ne pas créer une manif". Ils ne se connaissent pas, ils viennent quand ils veulent, le temps qu'ils veulent. Comme Michel, 19 ans, ils se postent debout devant le ministère de la Justice. Étudiant en prépa scientifique, le jeune homme, présent sur place depuis plus d'une heure, explique les convictions des opposants au mariage pour tous. "Je suis pied nu parce qu'aujourd'hui on a un grand soleil. Et je suis debout car, je crois que c'est Gandhi qui disait : 'un homme debout, personne ne peut l'arrêter'. C'est pour ça que nous sommes debout, assez espacés pour ne pas gêner les gens qui marchent ici sur cette très belle place de Paris, assez espacés pour ne pas créer une manifestation du point de vue légale. Mais assez unis entre nous pour exprimer ensemble notre volonté", commente-t-il au micro d'Europe 1.
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"Deux poids deux mesures". Leur volonté, c'est de soutenir Nicolas Busse, condamné mi-juin à quatre mois de prison dont deux ferme après une manifestation contre le mariage pour tous. Cette peine, Edouard la trouve trop sévère. "Deux mois de prison ferme, quand je vois les jeunes qui ont agressé tout un RER, avec un laxisme monumental dans les peines qu'ils ont pu avoir. Ce jeune il a fait quoi, simplement il a montré son désaccord et ça fait un peu deux poids deux mesures", déplore le militant. Et c'est précisément le ressenti de ces manifestants pacifistes, silencieux et atypiques qui ont l'impression de ne pas être entendus.
Sa demande de remise en liberté examinée. Mais si la peine à de la prison ferme a pu surprendre, elle était pourtant justifiée en raison des antécédents de l'étudiant. Le jeune homme de 23 ans à l'Institut catholique de Paris, qui a participé à tous les défilés contre la loi Taubira, avait en effet été interpellé deux fois à trois semaines d'intervalle alors qu'il participait à des manifestations non-autorisées.
Lors de sa première interpellation fin mai, il avait été condamné à 200 euros avec sursis pour sa participation à une action surprise sur les Champs-Elysées quelques jours plus tôt. Pour son deuxième passage en comparution immédiate, le 19 juin, le tribunal correctionnel de Paris l'avait condamné pour rébellion et fourniture d'une identité imaginaire. La cour d'appel doit donc examiner mardi les deux peines prononcées en mai et juin dernier. Sa demande de remise en liberté devrait être également étudiée lors de l'audience.
Plusieurs lettres de soutien. Son avocat, Me Benoît Gruau, a évoqué le "traitement très dur" subi en détention par son client qui a un temps été placé à l'isolement. Il a "reçu des centaines de lettres de soutien, de France et de l'étranger", mais "très peu" de courrier hostile, a ajouté Me Gruau. Et plusieurs députés, dont l'UMP Hervé Mariton, très engagé contre la loi Taubira, lui ont rendu visite en prison.
Ses parents avaient lancé dans le quotidien La Croix un appel au calme : "Ne faites pas de lui un héros, encore moins un martyr! Il ne mérite ni tant d'honneur ni, pour d'autres, tant de haine", écrivaient-ils dans une tribune publiée dans le journal catholique. Vendredi, le collectif de la Manif pour tous, a appelé "solennellement tous ses sympathisants à ne perturber en aucune manière le bon déroulé des débats de mardi" et donc demandé à ses partisans de "laisser sereinement la place aux amis proches et à la famille de Nicolas".